Pop Levi : Formule gagnante
Pop Levi cultive une obsession musicale sans borne et puise allègrement dans les formes issues des années 60 et 70. Certains crieront au génie, d’autres au pastiche. Chose certaine, ce musicien fabrique des hits qui provoquent la dépendance.
Avec un premier EP (Blue Honey) paru l’automne dernier, Pop Levi avait retenu notre attention et on attendait impatiemment la suite. Voilà qu’il nous balance aujourd’hui The Return To Form Black Magick Party, un premier album paru sous étiquette Counter Records, nouvelle sous-division à vocation plus rock de Ninja Tune. De la première chanson à la dernière, ce multi-instrumentiste britannique établi à Los Angeles depuis quelques années nous agrippe avec ses collages délirants au pouvoir mélodique ultra-efficace. Le nom Pop lui va donc à ravir car, bien sûr, il nous affirme qu’il s’agit là de son véritable nom!
Si la création de ce disque a nécessité un an de bidouillage en studio, sa préparation a pris beaucoup plus de temps: "Cela faisait plus de 10 ans que je travaillais à ce projet en captant des fragments de sons ou de mélodies ici et là", nous apprend-il au bout du fil alors qu’il se trouve à Portland. "Partout où j’allais, j’enregistrais ce qui me passait par la tête. En Grèce, en Chine, en bateau, dans des toilettes d’avion, dans des chambres d’hôtel, dans des entrepôts, dans des églises… Partout!"
Vu cette énorme période de gestation, craint-il le classique blocage qui survient souvent lors de la création d’un deuxième opus? "Mon prochain album est déjà prêt, nous rassure-t-il. Il s’intitulera Never Never Love. Nous l’enregistrerons en juin prochain et il sera totalement différent de celui-ci. On retrouvera beaucoup plus de cohésion dans le son."
Avec une voix au maniérisme très glam-rock, façon T-Rex ou Bowie, des guitares qui évoquent tour à tour Hendrix et Led Zeppelin et des réminiscences de Syd Barrett et de John Lennon, cet album prend des airs d’hommage aux années 60 et 70. Si l’artiste parvient à se démarquer du lot des "pasticheurs", c’est qu’il a su, un peu à la manière de Beck, filtrer son large spectre d’influences à travers une démarche qui lui est unique.
"Je me souviens de mes premières expériences musicales: j’étais très jeune quand j’ai commencé à suivre des leçons de piano, environ huit ans. Mais avant ça, j’écoutais déjà des trucs comme Kurt Weill et Scott Joplin, George Gershwin, des artistes que mon père affectionnait. Après, il y a eu Abba, les Carpenters et les Beatles, puis Pink Floyd." Ces artistes, il avoue les affectionner encore particulièrement aujourd’hui, n’ayant pas en très haute estime la plupart des créations musicales actuelles: "Presque tout ce qui se fait de nos jours est si ennuyant! Il y a trop de gens qui font de la musique… et pas assez de trucs brillants qui en ressortent."
Sa musique prend peut-être aujourd’hui des allures très "bubblegum" (difficile de ne pas se laisser prendre par la candide Pick-Me-Up Uppercut), mais il n’en a pas toujours été ainsi: en plus d’avoir été bassiste de tournée pour Ladytron, il a déjà fait partie du collectif Super Numeri, dont le côté expérimental s’avérait plutôt difficile d’approche. "Je considère ce nouvel album comme beaucoup plus expérimental que ce que je faisais au sein de Super Numeri. Une démarche créative peut être très complexe et le résultat, très pop et très accrocheur. C’est ainsi que procédaient les Beatles. Et il s’agit, selon moi, du groupe expérimental le plus fascinant qui ait jamais existé!"
Le 10 mars
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