Tim Brady : Guitare au front
Musique

Tim Brady : Guitare au front

Tim Brady est de passage à Québec pour une première fois et s’associe à l’ensemble Erreur de type 27 pour un concert le 12 mars à l’Université Laval. Une expérience contemporaine hors du commun qui nous présentera l’univers interactif du guitariste-compositeur.

D’entrée de jeu, on est impressionné par la production du guitariste et compositeur Tim Brady. Peut-être devrions-nous dorénavant souligner le terme compositeur. Le travail accompli à ce jour par le guitariste montréalais est imposant. Après 26 années de travail sur la partition, le compositeur se permet un regard en arrière. "Lorsqu’on est jeune, on peut tout faire", constate dans un excellent français Tim Brady, joint à Montréal la semaine dernière. "Mon langage musical s’est raffiné et précisé depuis 15 ans. Par contre, les prémisses sont toujours les mêmes: quoi dire et comment l’exprimer. L’univers que l’on crée et le voyage sonore me préoccupent beaucoup. Mais je respecte aussi la forme narrative qui doit être contenue dans une oeuvre, ce fil conducteur qui trace une histoire de A à Z. Souvent, j’ai cette vision de la composition, qui est sans doute un très mauvais exemple, mais nous pourrions dire que c’est comme une poutine, tout peut se mélanger."

Avec les années, Tim Brady a parfait son art et intègre sans détour ses réflexes de guitariste dans son processus de création. "Bien entendu, il est important de bien comprendre la forme et l’instrumentation pour une composition, explique Tim Brady. On fait ses devoirs. Si c’est une pièce pour orchestre ou un quatuor, on s’applique à bien connaître chaque instrument et à saisir les possibilités qui s’offrent à nous. Mais, d’un point de vue harmonique et mélodique, le guitariste refait surface et infiltre toujours ma pensée. Maintenant, c’est un trait de ma personnalité que j’accepte." Comme l’improvisation, qui est toujours aussi présente dans la vie du guitariste et qui a trouvé ses racines, à l’époque, dans le jazz. "Tous les jours, je fais au moins de 10 à 15 minutes d’improvisation. Culturellement, un guitariste, c’est un soliste. C’est une caractéristique fondamentale. Ça donne des résultats assez intéressants. Récemment, par exemple, je m’attardais à improviser sur la corde mi ouverte et une série d’accompagnements. Une véritable connerie de deux minutes! Avec un peu de recul, le tout s’est élaboré pour donner une pièce pour orchestre de 10 minutes. L’atmosphère y était, et cette simple improvisation, totalement gratuite, a été l’élément déclencheur."

Attardons-nous un peu sur certaines pièces de Tim Bardy. Three or Four Days After the Death of Kurt Cobain et Strumming (Hommage à John Lennon) soulignent, respectivement dans une forme contemporaine et expérimentale, l’intérêt pour le rock que cultive encore le guitariste. Three Cities in the Life of Dr. Norman Bethune, un opéra en trois actes, se penche sur une réflexion politique. Lennon et Bethune incarnent bien la dimension engagée que nous trouvons dans le travail de Brady. "Ce n’est pas seulement une impression, c’est politique, précise-t-il. L’expérience humaine est une autre façon de comprendre certains enjeux sociaux. Je ne crie pas sur tous les toits: "Damn Bush!" Par contre, je suis un humaniste, mais l’Art ne doit pas pour autant être assujetti à un discours moralisateur."

Atelier le 10 mars à 13h et concert le 12 mars à 20h
Au pavillon Casault de l’Université Laval
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