Zachary Richard : Gentleman chanteur
Musique

Zachary Richard : Gentleman chanteur

Zachary Richard a mis sept ans à concocter Lumière dans le noir, un album très inspiré, riche et fort qui devrait se tailler un beau succès parmi ses fidèles et s’en créer de nouveaux.

Zachary Richard se présente en gentleman chanteur: élégant, raffiné, le verbe haut en couleur. Joyeusement volubile, conteur naturel, parfois badin. Il faut guetter l’ironie au coin de ses lèvres lorsqu’il s’élance dans une explication, une anecdote. Une fête pour les amoureux des mots.

Lumière dans le noir, son nouveau disque, semble encore plus allumé que les précédents, mais il a fallu l’attendre longtemps: "Je n’ai pas vu le temps passer. Je fais énormément de projets de documentaires. Il y a eu l’ouragan dévastateur. Et j’ai perdu un de mes plus grands alliés: mon père. Ça a pas mal bouleversé les choses. On a commencé l’enregistrement du disque en août 2005, il devait sortir l’été passé, mais les ouragans ont changé les choses. C’est un peu comme recevoir une lettre par la poste: on va à la boîte aux lettres, et il y a un album dedans! On ne sait pas exactement comment c’est arrivé. C’est le travail de beaucoup de gens. On a enregistré à plusieurs endroits, à la sauvage."

Ainsi défilent Paris, Montréal et La Nouvelle-Orléans, le chanteur s’en explique: "Ce ne sont pas les endroits qui étaient importants pour moi, mais les gens. Je suis allé où je pouvais trouver ce que je cherchais dans la collaboration. J’ai une vie qui est partagée entre ces trois villes depuis longtemps. Je voulais profiter le plus possible des amis et des endroits que je connaissais. Avec la technologie dont on dispose maintenant, avec un disque dur de la taille d’un paquet de cigarettes, je me promène avec une valise à la recherche de situations capables d’ouvrir vers une certaine magie."

Et la magie opère, d’emblée, grâce à la pochette couleur pastel qui contraste avec le titre sombre et lumineux, tranchant et doux: Lumière dans le noir. Le poète tente d’éclairer les plus sombres parts de la vie, des catastrophes intimes ou planétaires: "J’ai des chansons qui traitent souvent de sujets assez lourds: génocide, contamination de l’écologie, ville sinistrée… Il faut vivre, passer à travers ces situations, maintenir l’espoir. La métaphore la plus à propos, c’était la lumière dans le noir. Ça donne déjà un côté positif. Même si on vit à La Nouvelle-Orléans, on a besoin de se lever, de se brosser les dents, d’aller au travail tous les jours, sinon on se suicide pis c’est fini!"

Il y a mille raisons d’espérer dans ce nouvel album. On retrouve, le temps d’un duo, la chère voix de Francis Cabrel qui s’entremêle bellement avec celle de Zachary. Une chanson s’inspire du classique de Louis Hémon Maria Chapdelaine, une autre d’un roman d’Élise Turcotte (Ma maison étrangère). Des histoires de rencontre, chaque fois, avec un livre acheté dans une librairie d’occasion ou avec une écrivaine dans une soirée de poésie. Le gentleman chanteur sillonne les continents américain et européen, toujours en quête d’un idéal, d’une beauté qui ne demande qu’à naître sous sa plume ou sous ses doigts. Une guitare, une voix, une oeuvre sans cesse à enrichir. Régulièrement, il revisite son propre répertoire et rhabille ses vieilles chansons d’habits neufs. Sur Lumière dans le noir, il redonne vie à La Ballade de Jackie Vautour.

Tout a été peaufiné dans les moindres détails. Zachary s’est entouré de ses musiciens préférés, créant un écrin musical parfaitement adapté à ses vers ciselés. Festin de mots, festin de notes. Et il ne faudrait pas oublier les percussions qui rythment admirablement le disque. Elles foisonnent, s’éclatent et portent à ébullition les chansons. Parfois, on n’entend qu’elles, qui propulsent les mots encore plus loin. De la lave qui s’échappe des haut-parleurs, due en partie à Denis Benarrosh: "Il est parisien, mais d’héritage marocain. Sa force, c’est les percussions, avec des idées surprenantes. Avec des musiciens de cette qualité-là, on a toujours envie de se dépasser, de découvrir, de ne pas faire les choses de la même façon. On a passé beaucoup de temps à réfléchir et à essayer les percussions. Benarrosh arrivait avec un camion avec 50 000 affaires, et il fallait qu’il les essaie toutes… Mais ça paie car on a réussi à créer des paysages uniques. On enregistre la chanson en cinq minutes, mais ça prend cinq heures pour savoir comment la faire."

Zachary Richard sera en tournée au Québec au mois de mars afin de propager cette Lumière dans le noir qui éclairera longtemps, on l’espère, la contrée sauvage de la chanson francophone.

Le 13 mars à 20h
À la Salle Albert-Rousseau
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Zachary Richard
Lumière dans le noir
(Musicor / Select)