Arielle Dombasle : Poupée de cire, poupée de sang
Revoici Arielle Dombasle avec un album de standards célébrant la fascination mutuelle entre la France et l’Amérique des années d’après-guerre. Tête-à-tête avec une actrice qui n’est pas à un paradoxe près.
Deux fois qu’on se fait faire le coup cet hiver. Une actrice à la sensualité exacerbée débarque par un sommet de temps froid avec un CD qui reprend des standards irrésistibles et vous réchauffe une atmosphère le temps de s’écrier "Vive l’Amérique". D’abord Victoria Abril et ses reprises des grands airs de la bossa brésilienne, en janvier, avec Putcheros do Brasil, et puis cette fois Arielle Dombasle, qui se réapproprie les grands standards américains des années 40 et 50 en compagnie de l’Orchestre symphonique de Budapest sur C’est si bon.
"Ce sont des airs que les Français ont aimés, et qui furent écrits durant cette période d’après-guerre au cours de laquelle s’est développée une fascination mutuelle entre la France et l’Amérique. C’est Dean Martin qui essaie de chanter en français, Jean Sablon qui chante en américain et C’est magnifique de Cole Porter écrite pour une Française…, évoque la blonde Parisienne née aux États-Unis. Cette époque est un carrefour esthétique d’une grande effervescence. Les femmes sont magnifiées et convoitées de la plus jolie manière… Tout ce glamour associé à l’âge d’or américain fascine (encore) beaucoup les gens."
Délaissant les ritournelles latines des années 20, 30 et 40 qu’elle nous avait offertes sur son précédent Amor Amor, cette femme sans âge à l’ossature de libellule est donc remontée au nord avec le désir de reprendre les standards popularisés par Sinatra, Astaire, Monroe et compagnie. "J’ai fait ça comme à l’époque, des one-tracks, avec micro mono et les musiciens présents. Je ne souhaitais pas intégrer de samplings, ni mettre des sons électro là-dessus. Ça se veut "à la manière de"."
Il y a chez Arielle Dombasle – muse d’Éric Rohmer, épouse de Bernard-Henri Lévy – quelque chose d’insaisissable. Outre cette beauté quasi iconique, il y a cette liberté qu’elle continue de conquérir. Et, au coeur de son être, un paradoxe, qui n’est pas pour autant une contradiction. Avec Ségolène Royal et la rappeuse Diam’s, elle sera faite poupée de cire au musée Grévin. En plus de ce vêtement, on l’a vue enrubannée des couleurs flamboyantes de la République puisqu’elle est devenue Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur, une décoration prestigieuse "instituée par Napoléon qui souligne les vertus, services, talents ou coups d’éclat de toute nature en France".
Ces dernières semaines, la Dombasle présentait à Paris un spectacle au cabaret Crazy Horse, des tableaux glamourisés, sortes de "courts-métrages érotiques" habilement chorégraphiés autour de quelques-uns des titres de C’est si bon. Lors de ces soirées à la fois sophistiquées et folichonnes qui ont attiré tout le gratin parisien (Michel Houellebecq, Thierry Lhermitte, Jorge Semprun, Jean-Paul Gaultier, même Sting est passé!), elle apparaît au travers des gaz éthérés en habit de chair, vêtue de perles et de diamants, entourée de cinq danseuses topless.
Idem pour la une du Paris Match, sur laquelle elle pose torse nu, à l’"âge de Madonna et de Sharon Stone", avec ce regard confiant, rempli d’audace, qui déshabille presque le lecteur… "Je ne voulais pas jouer la fille effarouchée qui pose de manière aguichante." Et le regard des autres, celui des hommes, de la caméra, des spectateurs? "Je crois que les vrais regards créateurs sont ceux qui font que vous devenez fort. Comme ces premiers regards des gens qui vous font confiance: ils vous magnifient."
Arielle Dombasle
C’est si bon
Sony BMG
À écouter si vous aimez
Amor Amor
Les crooners
Les femmes fatales des années 40-50