Bloc Party : London calling
Musique

Bloc Party : London calling

Bloc Party lançait A Weekend in the City cet hiver, un second effort plus ou moins bien reçu, peut-être un des grands incompris de la rentrée?

Le deuxième effort de Bloc Party faisait partie de ces disques attendus avec une brique et un fanal ce printemps, parmi les seconds albums d’Arcade Fire, Arctic Monkeys et autres formations qui ont enthousiasmé la planète rock au cours des dernières années. Mais voilà, A Weekend in the City n’a pas été accueilli avec le même enthousiasme que Silent Alarm, loin de là, récoltant au passage critiques mitigées et moues perplexes. On avait encore les Banquet, Like Eating Glass et Helicopter en tête, bombes de rock dansant aux élans de guitare angulaire, sans oublier le jeu de batterie de Matt Tong, dynamité, fiévreux, comme si ce premier album – et l’auditeur conquis – était constamment au bord de l’implosion.

La bonne nouvelle, c’est qu’A Weekend in the City, moins tendu et immédiat, est néanmoins apprivoisable, il suffit d’y mettre un peu de temps. "La plupart des gens ont cette réaction, confirme Gordon Moakes, bassiste de la formation. Silent Alarm démarrait dans l’urgence, sur ce son d’alarme et de batterie agitée. Avec A Weekend…, l’auditeur doit trouver lui-même le rythme et ça nécessite quelques écoutes."

Une chose est sûre, personne ne pourra accuser le quatuor britannique de rouler sur une recette: "On souhaitait s’éloigner de ce qu’on avait déjà fait. Alors qu’on était bien ancré dans un son organique, dominé par ce son de guitares que d’autres bands se sont mis à récupérer, on s’est aperçu que la guitare n’était pas toujours incontournable pour produire l’effet recherché. C’est là que les claviers et les programmations électroniques sont arrivés. On a beaucoup expérimenté à partir de ces nouveaux éléments. Pour nous, c’était important qu’ils soient intégrés au reste, on ne voulait pas juste les ajouter à la fin. Ni s’éloigner radicalement de ce qu’on est…"

Ajoutez à cela quelques riches et inattendus arrangements de cordes (On, Where Is Home) et de petites nappes de sons froids, très brit, glissées ici et là dans une chanson comme Waiting for the 7:18, par exemple. "Ça, c’est l’influence de M83 (ndlr: maître des textures et des synthés ayant remixé Pioneers pour l’album de remix de Silent Alarm). Notre approche est différente car nous sommes arrivés à ce son luxuriant en transformant les guitares, et non par les synthés", précise Moakes, sur le point de quitter Austin et le bouillonnant festival South By Southwest.

Sur A Weekend in the City, la ville en question, c’est Londres, le quartier East London tout particulièrement, un endroit où l’air semble lourd. "East London is a Vampire, it sucks the joy right out of me", chante Kele Okereke, qui aborde des thèmes pas très jojo sur cet opus: racisme, homophobie, inégalités sociales.

Que se passe-t-il donc à East London? "Je pense que l’endroit où tu vis au début de ta vingtaine influence beaucoup ta vision du monde, ça détermine une partie de ton identité. East London n’est pas un endroit particulièrement violent, c’est un quartier plutôt agréable qui attire pas mal d’artistes. Kele y a passé toute sa vie, et plusieurs membres du groupe y habitent. Quand tu vis dans une grande ville, vient un moment où ça t’exaspère. Tu te mets à te demander si tu vas y passer toute ton existence… Pour moi, c’est le feeling qui englobe l’album."

Le 27 mars
Avec Albert Hammond Jr.
Au Métropolis
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À écouter si vous aimez :
– Franz Ferdinand
– The Rapture
– Interpol