Gatineau : Que tombent les masques
Musique

Gatineau : Que tombent les masques

Le quatuor Gatineau sort de son hibernation et lance un maxi métissant des éléments hip-hop et électro avec une énergie punk-rock dévastatrice.

Ils sont deux en studio. Quatre (parfois cinq) sur scène. Proche cousine d’Omnikrom, la formation montréalaise Gatineau se démarque toutefois avec une théâtralité exacerbée et des textes bien québécois, empreints d’ironie et traitant souvent de dépendance. "Je cultive un aspect très autobiographique, même si auparavant, c’était plutôt absent de mon propos essentiellement nationaliste. Je considère que ma plume est devenue à la fois introspective, universelle et profondément théâtrale. Pour moi, chaque chanson est un personnage dans une pièce de théâtre", lance Éric Brousseau, alias Séba, dans un élan d’enthousiasme.

Complétée par DomhammeLLL (Dominic Hamel de Motus 3F), Capt. Keük aux bidouillages électroniques et Burne MacPherson à la batterie, la bande refait surface après avoir fait paraître un premier démo en 2005 (Sur ton visage, qui a fait le bonheur des radios universitaires). Avec L’Intégralll, Gatineau démontre l’étendue de ses influences avec cinq pièces tonitruantes dont une reprise échevelée du Freak de Montréal d’Aut’Chose. "Lorsqu’on se retrouve ensemble, ça éclate dans tous les sens. C’est la fébrilité qui provoque cette violence, cette urgence. Tu sais, j’écoute presque plus de hip-hop maintenant. Lorsque je monte sur une scène, dans ma tête, je fais partie d’un groupe rock. Ceux qui m’allument le plus, ce sont Johnny Maldoror des Breastfeeders, Julien de Malajube, Giselle des Hot Springs. On est loin du hip-hop!" s’exclame-t-il.

Avec sa constellation de personnages excentriques dont Poignard, Fat Joe et MC Brutalll (l’alter ego de Séba au discours sexuel), l’univers hors normes de Gatineau s’affranchit de toute comparaison. Séba revêt même la peau d’un alcoolique (Alcool) et celle d’un jeune homme obèse dans le morceau d’ouverture, Le Gros. "À un moment donné, je me suis mis à bouffer comme un malade et j’engraissais à vue d’oeil. J’ai décidé d’amplifier les sentiments que l’on peut ressentir lorsqu’on se regarde dans le miroir et qu’on se sent mal dans notre peau après avoir pris du poids. C’est un peu un constat de la jeunesse actuelle", explique l’ancien collabo de Ghislain Poirier.

Même si le collectif s’est fait courtiser par un label, il a préféré lancer L’Intégralll de manière indépendante et discrète. "Le but était de prouver aux gens et à nous-mêmes qu’on pouvait fonctionner tout seuls. On voulait réussir notre rentrée et découvrir jusqu’où on pouvait aller sans aucune machine promotionnelle. La plupart des artisans hip-hop possèdent un laptop, une grande maison, et peuvent enregistrer une chanson en un après-midi. Nous, ça nous prenait des heures dans un bon studio", confie l’ancien disquaire, cinglé de musique.

Le mois prochain, la bande enclenchera le processus créatif d’un album complet qui devrait voir le jour en septembre prochain. Si l’organisateur des soirées Rap Maudit considère que l’aventure Gatineau est encore au stade embryonnaire, il ne manque certainement pas d’ambition. "On est privilégié tout de même parce qu’on n’est pas associé à aucune scène précise. On peut autant jouer en première partie de Galaxie 500 ou des Breastfeeders que TTC! On veut aller le plus loin possible, défoncer des portes et créer une osmose parfaite entre les membres. Il y a tellement d’univers qu’on désire explorer. L’idéal aurait été de produire un album triple, contenant un univers sur chaque disque!" À partir de maintenant, rien n’est impossible.

Le 24 mars
Au Petit Campus
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