Mahjor Bidet : Dans la ligue Mahjor
Mahjor Bidet vit à son rythme et ne se laisse pas déconcentrer par les attentes croissantes qui suivent la parution de La vie qui fitte avec la tapisserie. Meneur de la formation, Serge-André Amin mène sa barque avec assiduité et modestie. Vision à long terme.
Avec la sortie de Painfull Love dans les radios indépendantes, l’un des premiers extraits de Mahjor Bidet sur les ondes, le groupe s’attire une attention des plus enviables. Véritable phénomène, la parution du disque La vie qui fitte avec la tapisserie crée un engouement tel qu’il laisse présager l’écriture d’un nouveau chapitre dans la musique indépendante montréalaise, comblée par les Navet Confit et Malajube. Une réception unanime qui fit reposer des attentes exceptionnelles sur le groupe mené par Serge-André Amin. Le protagoniste ramène les pendules à l’heure. "Les gens s’attendent à ce qu’on arrive rodés sur scène, explique Serge-André Amin. Un peu comme Malajube, même si leur show a pris un certain temps à se mettre en place. Il faut comprendre que le groupe existe depuis seulement six mois! Nous avons fait un disque qui n’est pas si évident que ça à adapter sur la scène."
La présence de Renaud Bastien (membre de Malajube et colocataire) au sein de la formation a contribué à alimenter toutes ces attentes, et les comparaisons aussi. La plus récente expérience du groupe aux Francouvertes, dont Mahjor Bidet fait partie cette année, l’a bien montré. "Avec Renaud, nous avons décidé d’adapter l’album avec un son très rock, explique Serge-André Amin. Le temps était assez court pour se casser la tête là-dessus. Mettons que les Francouvertes, ça n’a pas bien été. Il y avait beaucoup trop d’attentes. Mais, c’est comme ça, des fois ça marche et d’autres fois… Tout a débuté de travers quand ma corde de guitare a cassé; je n’avais pas de guitare de rechange. Ensuite, les moniteurs, ça ne marchait plus. Au test de son, c’était correct, et pendant le show, plus rien ne marchait. Notre présence aux Francouvertes va se limiter à un seul spectacle, c’est impossible qu’on aille plus loin." Serge-André Amin maintient son rythme de croisière avec sagesse sans trop se laisser abattre par cette expérience scénique qui pourrait en laisser plusieurs sur le carreau.
C’est une chance pour nous, car les concours de circonstances qui ont amené à l’écriture de ce disque ont donné un résultat unique en son genre. Un travail solitaire de la part du concepteur sonore de profession qui, au fil des ans, avait emmagasiné une banque assez surprenante de chansons sur son laptop. Le colocataire rassure l’auteur, très autocritique, sur le potentiel que possède son travail et contribue à lui donner vie. "Renaud! C’est le gars qui arrive et détermine qu’il faut refaire les voix là-dessus, telle guitare ici et plus de basse là, illustre-t-il. C’est vraiment lui qui m’a convaincu de l’existence que pouvaient prendre ces chansons en dehors d’un ordinateur." Les thèmes réalistes se succèdent sur cet album, dans une ambiance impressionniste et atypique. Sensibilité d’un robot en est un bel exemple. Un sujet pathétique sur fond sonore funky. "C’est de l’ironie. Quand on y pense, c’est vraiment triste. Le gars qui vit ses émotions avec un site porno. C’est triste, mais drôle aussi. On ne peut pas se limiter à une seule vision des choses."
Le 23 mars à 21h
À la Ninkasi
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