The Banjo Consorsium : Planète musique
The Banjo Consorsium lance un premier album officiel, A Turning One, disponible sur plusieurs sites de téléchargement de musique. Le Web joue d’ailleurs un rôle déterminant dans l’ascension de ce groupe de Sherbrooke, témoin éloquent des bouleversements de l’industrie musicale.
Par un petit jeudi matin pluvieux, Jacques-Philippe Lemieux Leblanc nous accueille chez lui, dans l’un des plus beaux lofts du centre-ville de Sherbrooke. C’est dans ce décor de briques, de bois franc et de meubles disparates, où trône un piano à queue, une panoplie d’instruments et même une balançoire, qu’est né le Banjo Consorsium.
Le projet est étonnamment récent. À la fin de 2005, l’organisatrice de la série Actualisez-vous, Ève-Marie Roy, entend parler du fait que Jacques-Philippe, opérateur de machinerie depuis 11 ans à l’American Biltrite, compose de la musique durant ses temps libres. Elle l’invite à participer au show Noël actuel, qui réunit plusieurs musiciens de Sherbrooke. Profitant d’une semaine de congé avant le spectacle, le multi-instrumentiste compose plusieurs pièces qu’il immortalise sur un démo intitulé Le Début. Il choisit de le rendre accessible gratuitement sur le site d’un netlabel du Colorado, Seedsound. Une heureuse idée, car le démo a été téléchargé au moins 5000 fois. "Ça m’a permis d’avoir des reviews dans le monde, observe le principal intéressé. La planète devient un village. Il n’y a plus de facteur de distance."
Grâce aux ramifications de la Toile et à l’esprit de communauté qui règne sur le site MySpace, Jacques-Philippe diffuse sa musique folk-électronique aux quatre coins du monde. Tant et si bien qu’on peut désormais entendre des pièces de Banjo Consorsium sur la compilation japonaise Schole vol. 1, sur la compilation espagnole Catch the Falling et sur deux compils allemandes. Le Net a aussi permis à Jacques-Philippe de collaborer avec une chanteuse de Copenhague, Sara Savery Trojaborg. "Elle m’a envoyé des tracks de voix et j’ai refait la musique dessus", explique le jeune trentenaire qui n’a jamais rencontré sa collaboratrice danoise. "Je ne sais pas de quoi elle a l’air, mais elle a une voix superbe!" On peut écouter le résultat vaporeux de leur association sur www.myspace.com/thebanjoconsorsium (la chanson Until Morning Savery). Clou de cette effervescente reconnaissance internationale, l’organisation du Iceland Airwaves Festival, qui a accueilli Patrick Watson et Wolf Parade à sa dernière édition, s’est montrée fort intéressée par The Banjo Consorsium.
DU LOFT À LA SCÈNE
Sur A Turning One, qu’on peut entre autres se procurer sur iTunes et bluetracks.ca, Jacques-Philippe Lemieux Leblanc joue presque tous les instruments, à quelques exceptions près. C’est la transposition de son projet pour la scène qui l’a amené à aller chercher des musiciens. D’abord, son cousin Gabriel Lemieux Maillé (Jaune, Galarno, les Tireux d’Roches), puis Vincent Vachon (hommage à Jack Johnson) et Mike Sterling, qui a depuis quitté le groupe. Enfin, Charles-Antoine Gosselin (Jake and the Laprechauns, Philibert Bélanger), membre du groupe depuis peu.
Lors de ses premières prestations, le groupe a fait face à la complexité des arrangements et s’est quelque peu perdu dans le dédale d’instruments (banjo, mandoline, slide guitar, lapsteel électrique, accordéon, piano rhodes, xylophone, pour ne nommer que ceux-là.) "On a travaillé fort pour arranger ça, observe Jacques-Philippe. Chacun a plus son rôle d’établi et on essaie de moins changer d’instruments."
PARCOURS
Fils du guitariste Yves Leblanc, qui jouait notamment dans le Don Ellis Band, Jacques-Philippe baigne dans la musique depuis toujours. Élève de l’école Sacré-Coeur jusqu’en cinquième année, il apprend le violoncelle et le piano en plus de tâter des percussions. "C’est ce qui a fait que j’ai cheminé en musique. Ça a développé mon oreille", estime le multi-instrumentiste, qui s’étonne toutefois d’avoir réussi à passer ses cours de musique. C’est que plutôt que de s’échiner à déchiffrer des partitions, il les apprenait à l’oreille et profitait des temps de répétition pour composer des "petites tounes".
Au secondaire, il passe d’abord par le collège Mont-Sainte-Anne, où il commence la guitare sous les enseignements d’une prof avec laquelle il ne se sent aucune affinité. "Ça ne marchait pas pantoute! Tellement qu’elle ne voulait pas que je participe au show de fin d’année, rigole-t-il. Ça m’a écoeuré de la guitare!" Il y reprend goût en jouant pour le plaisir avec un voisin. Le reste de son secondaire à Mitchell-Montcalm, où il suit des cours de piano, complétera sa formation musicale, qu’il poursuit depuis en autodidacte.
Sa job à l’usine lui permettant de gagner un bon salaire et de revenir à la maison l’esprit tranquille, Jacques profite de ses temps libres pour créer de la musique et l’enregistrer dans le petit studio qu’il s’est monté progressivement. Voyant son projet recueillir des échos favorables, il se prend aujourd’hui à rêver de voyager grâce à son projet musical.
En plus de composer, Jacques-Philippe a fondé, l’été dernier, une étiquette de disques avec Jean-François Mercier. La compagnie 9.12 a pris sous son aile une douzaine d’artistes canadiens, américains et britanniques. De Sherbrooke, Jacques-Philippe travaille donc à dépister des bands, et de Rock Forest, Jean-François gère les destinées de la compagnie. Comme quoi les frontières se sont littéralement effacées avec le Web.
Lancement de l’album
Le 27 mars à 17h
À la Toquade
En spectacle
Le 7 avril
Au Petit Théâtre de Sherbrooke