The Roots : Théorie-choc
Musique

The Roots : Théorie-choc

Le collectif philadelphien The Roots renoue avec le public montréalais après quelques mois d’absence. Rencontre avec ?uestlove Thompson.

L’amateur des Roots le sait bien, chaque album est une véritable boîte à surprises. L’été dernier, la plus organique des formations hip-hop américaines faisait paraître Game Theory, un neuvième opus percutant à l’enrobage sonore éclectique et aux thèmes sociaux et politiques. Un regain de vie insoupçonné après l’inégal The Tipping Point. "Les gens nous demandent constamment: "comment faites-vous pour modifier l’aspect sonore de vos disques après toutes ces années?" La réponse est simple. Lorsqu’on joue toujours les mêmes chansons, concert après concert, en studio, on a tendance à vouloir s’éloigner de ce son. À chaque fois, on tente de créer un disque qui est l’opposé du précédent. On modifie notre angle d’approche. On s’est permis d’explorer, mais pour Game Theory, on désirait avoir un son cohérent de la première à la dernière note", explique le batteur format géant ?uestlove Thompson, la voix fatiguée.

Plus ténébreux et orchestral que leurs parutions précédentes, Game Theory est le fruit de neuf mois particulièrement troubles au sein du clan des Roots. "Les gens croient qu’on a réalisé l’album rapidement, mais, en réalité, on était au ralenti. On devait travailler avec le réalisateur Jon Brion, mais on a perdu tellement de temps lors de notre transfert de Geffen à Def Jam qu’il a dû abdiquer, car il était débordé de travail. On a ensuite tenté de produire un album à la Graceland de Paul Simon. On voulait travailler dans un autre environnement avec de nouveaux musiciens. On pensait à l’Afrique ou à l’Amérique du Sud, mais ça n’a pas fonctionné à cause du budget. Notre dernier choix a été de nous diriger en Nouvelle-Orléans, mais l’ouragan Katrina faisait des ravages. Les événements qui traversent nos vies influencent la musique que nous produisons et tous ces échecs ont déteint sur le son de cet album très sombre."

Bête de scène, le vétéran combo reprend la route et se dit fin prêt à défendre les titres puissants de Game Theory. Avec près de 300 spectacles par année, la tournée est-elle toujours une partie de plaisir pour la bande de Black Thought et Thompson? "On ne se fatigue pas de jouer live parce qu’on apporte des modifications à chaque soir. Je constate que nos meilleurs spectacles sont ceux qui sont excitants pour nous. Chose certaine, il n’y a qu’un seul facteur qui revient dans chacune de nos prestations: nous commençons à l’heure prévue!"

D.J. et producteur à ses heures, celui qui a mis la main à la pâte pour les prochains compacts de D’Angelo et Al Green considère que les Roots ne sont pas prêts de devenir des has been. Presque 20 ans après ses premiers pas, l’avenir semble reluisant pour l’innovatrice formation philadelphienne. "En 1994, on m’a demandé où je voyais les Roots dans dix ans, et j’avais de la difficulté à concevoir que nous serions encore dans le paysage! Il nous reste tellement de choses à accomplir. On a terminé la moitié du travail pour notre dixième album. J’aimerais, éventuellement, faire notre Graceland, créer un disque acoustique, un autre de duos… Il y a des personnes qui ont de la difficulté à nous suivre, mais bon, on fait à notre tête." Increvables, ces Roots!

Le 25 mars
Au Métropolis
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