Michel Donato : L'amitié par le jazz
Musique

Michel Donato : L’amitié par le jazz

Le contrebassiste Michel Donato, modeste et sans artifice, correspond à ce personnage du jazzman intègre et insaisissable. Pour lui, le jazz est comme la marée, avec ses hauts et ses bas, et la chance d’y contribuer n’a pas de prix.

Michel Donato n’arrête jamais. À peine sorti d’un engagement avec le contrebassiste Guillaume Bouchard, il cultive aussi une suite avec le tandem Fortin/Léveillée, en compagnie de Marin Nasturica, en plus de compléter un disque avec Pierre Leduc (piano) et Richard Provencal (batterie). Malgré tout, Michel Donato, figure emblématique du jazz au Québec, trouve le temps de récidiver avec son quintet européen, un projet amorcé en 2004 avec la sortie d’un premier disque. Pour souligner la parution de leur deuxième opus, Michel Donato et sa troupe font leurs valises et partent en tournée au Québec. "Justement, m’indique le contrebassiste, nous sommes supposés nous rencontrer tout à l’heure pour faire une petite pratique pour la première, avant de prendre la route pour Gatineau (le premier spectacle de la tournée)." Ce n’est pas plus compliqué.

Volume 2, donc, de ce concept intitulé Michel Donato et ses amis européens. D’entrée de jeu, imposons un retour dans le temps à Michel Donato. Se souvient-il de son premier engagement en Europe à titre de musicien professionnel? "Oh mon Dieu… Ça fait si longtemps! Je crois que la toute première fois, c’était pour un contrat en Allemagne dans les années 60. J’étais dans un big band, celui de Vic Vogel, et nous étions sur une base militaire. Je devais avoir 19 ou 20 ans? Là où nous étions, c’était très proche de la France, le Rhin longe cette région et on n’a qu’à le traverser pour être à Salzbourg. J’avais quelques jours de temps libre et j’en avais profité pour faire un petit tour en France."

Le voilà maintenant au centre de son Europe avec ce quintet regroupant Karl Jannuska à la batterie, Piotr Wojtasik à la trompette, Michael Felberbaum à la guitare et François Théberge au saxophone ténor. Un quintet réuni par Michel Donato pour répondre à une simple intention. "Je voulais être entouré de musiciens européens, résume-t-il. On ne se connaissait pas du tout auparavant. J’avais entendu parler de Piotr lors d’un séjour en Pologne, c’est tout. Eux se connaissaient un peu plus." Une réunion européenne faite à Montréal, qui amène la troupe à se concentrer uniquement sur la composition. "C’est un travail assez solitaire, explique Michel Donato. Chacun arrive avec ses idées et ses trucs, on travaille le tout ensemble par la suite, et voilà! Il fallait faire un deuxième disque. L’osmose est vraiment bonne entre nous, on a chacun une expérience qui est très bien définie, chacun nos couleurs aussi. Ça détermine le son de cet album, je crois."

Un son qui mise sur une formule standard, où les cellules mélodiques simples donnent lieu à des improvisations épurées. L’esthétique de chacun des interprètes est mise en valeur sans détour. Du pointillisme de Michael Felberbaum au style coulant de Piotr Wojtasik (on pense à Dave Douglas). "Ce serait difficile de qualifier le son européen, m’explique Michel Donato. Y a-t-il un son européen? On peut constater certaines petites choses mais, à la base, tout provient du son américain. Aujourd’hui, nous sommes vraiment en face d’un melting pot indéfinissable."

Le 30 mars à 20h
À l’Anglicane
Voir calendrier Jazz/Actuelle