Michel Legrand : Bounce Legrand
Michel Legrand, le très polyvalent et très primé compositeur, viendra proposer à son public de Trois-Rivières de ses créations jazz. Michel Legrand, grand homme orchestre, un workshop musical à forme humaine.
En entrevue, Michel Legrand parle peu de son spectacle, beaucoup du monde artistique. Plongé dans un succès international qui ne se dément pas, le compositeur de 75 ans dresse un bilan de santé assez positif et, en téméraire, continue de travailler simultanément sur de multiples projets.
Avant de le voir au Québec dans ce concert intime en compagnie de deux autres musiciens, Legrand aura en effet été de la direction artistique de Monte Cristo, une comédie musicale qui sera présentée à Londres à l’automne 2007. Cela sans compter les projets de disques, dont celui de faire un Legrand Jazz Volume 2, une suite à l’incontournable succès de 1958…
En fin observateur (quand même, il est le compositeur des Parapluies de Cherbourg, la mythique comédie musicale de 1964), son regard sur la comédie musicale intéresse. Et celui-ci est tranché: "En fait, que ça soit à Broadway, à Londres ou à Paris, je retrouve dans une certaine production de comédies musicales aujourd’hui tout ce que n’aime pas ou n’ai pas envie de faire… Non vraiment, ce sont des tours de chants déguisés. Souvent les comédies musicales aujourd’hui ne proposent pas de dramaturgie, d’histoire, de théâtralité: leur succès se limite aux frontières nationales, et elles font des bides à l’international."
Legrand s’interroge également sur l’état de la musique de film: "Dans les années 60, à Hollywood, il y avait tout au plus une trentaine de musiciens. Aujourd’hui, il y en a au-dessus de 8500. Sauf pour quelques compositeurs, ce que j’entends est lamentable…" Pour le compositeur, il semble que la publicité détériore le cinéma, qu’elle tue l’art, et que l’heure soit aux musiques électroniques, à ces "machines qui composent à la place des hommes."
Catégorique, Michel Legrand peut bien se le permettre. Il a travaillé avec les plus grands studios de cinéma, avec les plus grands noms du jazz (Bill Evans, Oscar Peterson, Miles Davis, etc.). Les interprètes qui chantent ses chansons ne s’énumèrent plus tellement ils sont connus.
En entrevue, lorsqu’il évoque son spectacle à venir, l’artiste à la forte attitude retrouve une modestie et un ton plus neutre: "Je me sens très privilégié de faire tourner ce spectacle. Sur scène, on joue beaucoup, on s’amuse. Mon défi, c’est de m’épater moi-même, de travailler toujours la musique comme un dialogue."
Le 5 avril à 20h
À la salle J.-A.-Thompson