Otello : Fruits de la passion
Opéra Lyra Ottawa propose Otello en ce début de printemps; une oeuvre phare de Verdi rarement produite ici. Rencontre avec celui qui y tiendra le rôle de Roderigo, Benoit Boutet.
Le ténor québécois Benoit Boutet perfectionne son art depuis une vingtaine d’années, ayant dans son baluchon 70 rôles interprétés au Canada, aux États-Unis, comme en Europe. Ce printemps, c’est du côté d’Ottawa qu’il s’exécutera dans le poignant Otello, l’oeuvre de Giuseppe Verdi rarement produite sur scène en Amérique du Nord. "Otello s’est pratiquement jamais fait en dehors de l’Europe à cause du coût de production, parce que les rôles coûtent très cher pour les compagnies d’opéra. Le rôle d’Otello par exemple est longtemps sur scène et est extrêmement difficile à chanter, alors rares sont ceux qui le font. Même chose pour ceux de Desdemona et Iago; qui sont demandants physiquement, vocalement et psychologiquement, à cause de la profondeur des personnages. Alors, c’est un privilège de pouvoir l’avoir à Ottawa", relève le chanteur, qui se décrit comme un "vétéran" chez Opéra Lyra. Sa dernière visite remontant à son rôle dans Les Contes d’Hoffmann en 2005, c’est avec grand plaisir qu’il a accepté de combler le petit – mais important – rôle de Roderigo.
Otello dépeint l’histoire navrante d’un général maure du nom d’Otello (Mark Lundberg), qui tombe sous l’emprise des manigances malveillantes d’Iago (John Fanning), un traître qui veut se venger de l’homme qui lui a pris la gloire et la puissance militaire. Il prendra au piège la douce épouse d’Otello, Desdemona (Sally Dibblee), dans un sordide complot. D’une grande charge émotive, cette oeuvre est décrite entre toutes comme le "parfait opéra" de Giuseppe Verdi, qui l’a écrit vers la fin de sa vie, à l’âge de 82 ans. "Otello s’inscrit dans la progression de l’écriture musicale de Verdi. S’il avait continué à écrire, il serait rendu dans un autre style complètement, moins conventionnel, d’après moi. Ici, la musique s’enchaîne tout le temps, dans une continuité. C’était innovateur pour Verdi. Après ça, on transite vers Puccini", soutient le chanteur.
C’est également avec ravissement que Benoit Boutet retrouve le chef d’orchestre Tyrone Paterson, qu’il affectionne particulièrement, alors que Larry Desrochers travaille à la mise en scène avec une approche plus "théâtrale" à l’opéra, pour un duo bien assorti, selon lui. "Ty[rone Paterson] a une précision remarquable et il s’occupe de tous ses chanteurs lorsqu’il dirige. Il fait un travail extraordinaire", note-t-il. Le tout est soutenu par l’Orchestre du Centre national des Arts, qui joue presque sans interruption, ainsi que par le Choeur d’Opéra Lyra.
C’est aussi une occasion pour le ténor de visiter une ville qu’il chérit: "Avoir à voyager beaucoup dans le métier nous emmène à retrouver nos amis, nos collègues; c’est notre famille sur la route… comme ici à Ottawa, une ville que je chéris particulièrement pour sa beauté, pour ses gens qui sont très respectueux, et avec un public appréciatif et connaisseur, octroyant un sens de bien-être", conclut-il.
Les 31 mars, 2, 4 et 7 avril à 20h
À la salle Southam du CNA
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