Carl-Éric Hudon : L'art de déconstruire en beauté
Musique

Carl-Éric Hudon : L’art de déconstruire en beauté

D’une rencontre à une autre, Carl-Éric Hudon pratique son métier sans demi-mesure et se pointe le temps d’une soirée pour livrer son répertoire avec toute l’intégrité qu’on lui connaît. Une question d’équilibre et d’inspiration.

Après six heures de route, Carl-Éric Hudon est de retour au terme d’une tournée de cinq jours avec Navet Confit. Il se rend tout de même disponible pour un entretien avec Voir, tout en s’excusant de la fatigue accumulée qui pourrait altérer sa pensée. En plus du Navet (Jean-Philippe Fréchette), avec qui il a partagé la scène à maintes reprises, on le retrouve aux côtés d’Émilie Proulx en tant que bassiste. Carl-Éric Hudon aime se retrouver en compagnie d’artistes qui partagent sa vision de la musique pop et cultive ces expériences avec soin et au pluriel. Malgré tout, il trouve le temps d’écrire et de renflouer son propre répertoire tout en terminant un disque en duo avec Dany Placard, un opus qui paraîtra sur les rayons de votre disquaire en mai. "C’est un exercice d’équilibre, résume-t-il avec simplicité. Pour l’album avec Dany, j’avais déjà certaines chansons qui restaient en banque depuis l’enregistrement du disque Les tempêtes que l’on avale. De toute façon, je n’ai pas vraiment de moment défini pour l’écriture, j’écris tout le temps. Pour cet album, il y a une seule pièce qui a été co-écrite. Sinon, c’est Dany qui se prête à mon style et vice versa."

Le genre d’exercice qui n’effraie pas l’auteur-compositeur-interprète, lui qui s’adonne régulièrement à revisiter son propre répertoire, entre autres avec Navet Confit, avec qui il s’est associé en duo dans un but très précis. "L’idée derrière les spectacles que nous avons faits ensemble était de déconstruire nos compositions, décrit-il. Sur Asphalte de Navet, par exemple, on rajoutait du trémolo dans les claviers et on ralentissait le tempo de moitié. Pour d’autres pièces, on inversait certains couplets et on changeait la structure de la chanson. C’était assez grunge. Par contre, il faut commencer à faire un peu plus attention. Des fois, on était vraiment mélangés. Mais, c’est sans prétention. On peut dire que ce sont des laboratoires musicaux."

Pour son spectacle il sera accompagné de Benoit Fréchette, qui passera de la guitare à la batterie et même au mélodica. Les nouvelles compositions ne manquent pas, et un nouvel engouement pour les Kinks amène le chanteur vers un son qu’il décrit lui-même comme sexy. Alors qu’on évoque sa conception du métier, celle de s’effacer derrière ses textes et sa musique, il constate qu’il n’a pas changé d’opinion sur la question. "C’est drôle que tu me parles de ça, indique-t-il. J’étais en train de parcourir le livre Tout le monde vous dira non [d’Hubert Mansion] tout à l’heure sur la route. Il parle de Johnny Hallyday et de sa voix qui symbolise la douleur – la douleur de l’amour, la douleur de la séparation ou des rêves brisés -, de ce personnage qu’il est devenu et auquel les gens s’identifient comme s’il vivait leurs vies par procuration. Ça, c’est le genre de choses qui m’achalent. Moi, je suis assez pragmatique et je me vois mal en train de me substituer à qui que ce soit. C’est complètement inutile de faire état de son vécu ou encore d’exposer son enfance déchirée, comme si c’était une source d’inspiration obligatoire pour tous les artistes. Tout ça, ce n’est vraiment pas important."

Le 5 avril à 20h
À l’AgitéE
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