Carol Bergeron : La théorie du big-bang
Vingt ans déjà que Carol Bergeron et sa bande nous étonnent avec leurs drôles d’instruments. Les revoici dans un tout nouveau spectacle.
L’ensemble Tuyo est une sorte d’ovni dans le paysage musical québécois: il flirte avec la musique contemporaine, qui connaît une longue tradition d’inventeurs d’instruments (de Harry Partch jusqu’à Jean-François Laporte, en passant par les frères Baschet et John Cage), mais verse aussi dans le jazz ou la musique actuelle (le premier concert de Tuyo avait lieu au FIMAV en 1987).
Comme beaucoup d’autres "grandes inventions", celle de Tuyo est arrivée à la suite d’un accident… Carol Bergeron, l’un des fondateurs de l’ensemble et le dernier qui y soit encore actif, raconte: "On construisait une structure de soutien pour de gros tambours en utilisant des tuyaux de corlon (polyéthylène), un alliage de caoutchouc et de plastique; en manipulant, coupant, échappant ces morceaux de tuyaux, on s’est rendu compte que le son que ça produisait était très intéressant. Ce qui n’est pas très original, puisqu’une très grande variété d’instruments de musique sont des tuyaux…" L’originalité réside surtout dans ce que l’on fait avec! "Je reste rarement jusqu’à la fin d’un concert de jazz ou de musique contemporaine, explique le directeur artistique, parce que j’aime l’éclectisme: un petit coup à gauche, puis un petit coup à droite. Je crois que le public en général est un peu comme ça aussi, et c’est ce que nous offrons."
L’instrumentarium de Tuyo comporte des percussions, des instruments à vent ou à cordes, mais qui n’ont rien à voir avec ceux de l’orchestre habituel. Ceux-ci s’appellent le béluga, l’anaconda, le bavophone, etc. "C’est un groupe qui est né dans les ruelles, explique Bergeron, parce que nous n’avions pas d’argent, alors nous trouvions notre matière première dans les ruelles, c’est ce qui nous donne un petit côté bataclan." Il n’y avait au départ dans Tuyo aucun instrument traditionnel, mais ils ont fait leur apparition avec le temps, afin de diversifier les couleurs de l’ensemble.
Le nouveau spectacle, Big-bang, tourne autour du thème des développements du concept d’univers à travers les époques, une narratrice (Brigitte Soucy) intervenant sporadiquement pour offrir des extraits empruntés à Ptolémée ou Copernic, tandis que sont projetés en fond de scène des extraits de films de science-fiction. "On n’est plus dans les films de série B, on est rendu à Z… C’est tellement mauvais!" Nous aurons cette fois-ci, côté musique, plusieurs compositions de Carol Bergeron et Charles Duquette (percussionniste), mais aussi des compositeurs américains John Hollenbeck, Chris Speed, Jim Black et Tom Waits (et le Beltway Bandit de Zappa, si les répétitions se passent bien!), du Français Mr. Oizo et de la chanteuse britannique Imogen Heap. Ah oui… et aussi une pièce d’Arcade Fire! On y retrouvera Allan Laforest (instruments à vent), Corinne René (percussionniste) et Bojana Milinov (violon), mais pas Carol Bergeron qui, pour la première fois, regardera son ensemble de la salle. À voir, juste avant les Européens, qui y auront droit fin avril.
Du 5 au 8 avril
Au Théâtre Outremont
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