Ligue d'improvisation musicale du Saguenay : Les pros de l'impro
Musique

Ligue d’improvisation musicale du Saguenay : Les pros de l’impro

Le sort en est jeté. C’est l’équipe Transit – Chez l’diable, avec à sa tête Pascal Beaulieu, qui devra affronter l’implacable équipe Barolo – Voix Maltée et son capitaine, Alain Duchesne. Une nouvelle joute pour les pros de l’impro…

Si on en croit l’adage, c’est à la finale que l’on sépare le bon grain de l’ivraie… Si au moins l’esprit était véritablement à la compétition! En discutant avec les deux capitaines dont les équipes s’affronteront lundi, force est d’admettre qu’il n’existe aucune véritable animosité entre les musiciens.

Il faut dire que l’organisation de la Ligue d’improvisation musicale du Saguenay (LIMS) ne vise pas prioritairement la mise en lumière de quelque vedette régionale. Sans doute quelques musiciens auront-ils réussi à se faire remarquer, mais le concept de cette compétition est tel qu’il ne suffit pas d’être un excellent musicien pour performer. D’ailleurs, selon Pascal Beaulieu, capitaine pour l’équipe Transit – Chez l’diable, il faut aussi performer sur un plan qui n’a rien à voir avec la musique: "Souvent, le public veut être amusé. Tout le monde ne connaît pas tout le temps tous les styles de musique. Ça fait que souvent, c’est du cabotinage ou un texte drôle qui va être décisif…"

Les résultats les plus probants de cette expérience se situent à un tout autre niveau. Car en plus d’offrir un spectacle devenu incontournable pour les amateurs de musique, la LIMS favorise la rencontre entre des musiciens de tous les horizons, créant des liens entre eux qui autrement ne se seraient jamais tissés. C’est donc un incubateur potentiel pour le lancement de nouveaux projets ou de formations musicales éclectiques, le milieu de la musique underground saguenéenne s’en trouvant du coup bonifié.

Le projet, qui avait vu le jour grâce au concours d’une subvention Jeune Volontaire (Emploi-Québec) et à la collaboration du Café-théâtre Côté-Cour, doit beaucoup à son principal organisateur, Sébastien Maltais. À la fois maître d’oeuvre et maître de jeu dans toute cette folle aventure, c’est lui qui a fait le pont entre la région et les différentes organisations d’improvisation musicale à travers le Québec. Dès les premières soirées organisées en 2005, un succès retentissant s’est fait entendre, et n’a pas été démenti depuis, tant auprès des musiciens qu’auprès des spectateurs.

Pour Sébastien Maltais, l’équipe dirigée par Alain Duchesne avait d’excellentes chances de se rendre en finale. "Il a fait une sélection de musiciens très stratégique dès le début. Avec l’impro musicale, il faut regrouper des musiciens d’origines complètement différentes, qui jouent des styles complètement différents. Autrement, si on demande de jouer une salsa polonaise et que personne n’est capable de venir la faire, le spectacle est drôlement moins de qualité." Duchesne, lui-même percussionniste dans une formation death metal (Divinité), s’est en effet adjoint une belle brochette de collaborateurs aux parcours très variés: Étienne Ratthé, violoncelliste et percussionniste, qui fait de la mise en scène et des arrangements pour Québec Issime; Mathieu Boily, contrebassiste à la maîtrise au Conservatoire qui joue dans le Wake Up Jazz Trio; Marie Villeneuve, une comédienne ayant commencé à jouer du violon à l’âge de quatre ans; et enfin Guillaume Thibert, un claviériste qui gère son propre studio… Duchesne a même prévu un releveur, Dany Thibodeau, guitariste.

L’équipe de Pascal Beaulieu, soit Sabin Fleury (guitare, basse), Dominic Roy (batterie), Guillaume Tremblay (saxophone alto, clavier) et Vicky Côté (trompette), a quant à elle remporté une victoire à l’arraché lors de la demi-finale qui avait lieu le 12 mars dernier sur la scène du Côté-Cour. Avec cet alignement, Beaulieu estime pouvoir déloger l’équipe de Duchesne, même si cette dernière est demeurée invaincue depuis le début de la saison.

S’agit-il d’une nonchalance assumée ou d’un soupçon de superstition? Plusieurs des musiciens de la ligue admettent ne pas avoir de stratégie prédéfinie avant d’entamer une joute musicale. Sébastien Maltais, témoin privilégié de la faune des improvisateurs musicaux, a sa propre théorie pour expliquer le phénomène: "Plus tu es préparé, plus tu sais où tu t’en vas. Là, les gars ne savent aucunement où ils s’en vont. Ça leur donne un stress qu’ils ne vivent pas autrement." Pour Beaulieu, dont l’équipe avait raflé les honneurs l’année dernière sans jamais se rencontrer en dehors du cadre offert par la LIMS, toute préparation serait inutile, voire nuisible – à condition d’avoir un bon niveau de compétence musicale et une maîtrise impeccable des instruments. "Tout se passe dans les 30 secondes avant l’impro, explique-t-il. Tu ne peux pas savoir ce qui va être proposé. Tu ne peux rien prévoir." Et c’est à un peu de cette intensité que pourront goûter les spectateurs lors de la finale…

Le 9 avril
Au Côté-Cour
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