Lily Allen : À sa place
Lily Allen s’amène à Montréal précédée d’un engouement monstre né sur le Web, plus particulièrement sur le site MySpace.com. Une ixième rebelle britannique devenue star de la pop.
En juillet dernier déboulait sur toutes les radios d’Europe un joli tube venu d’Angleterre, Smile, cocktail grisant de pop, de ska et de reggae. L’ensemble de l’album Alright, Still devenait dans la foulée la trame sonore de l’été. Son interprète, une jeune chanteuse britannique ayant tout juste atteint l’âge de boire de l’alcool, s’est donc lancée dans sa première tournée internationale. Avec sa bouille d’ange et ses airs de petite diablesse, son look de racaille chic (vêtements sport et bijoux en or), un regard à la fois rusé et désinvolte, Lily Allen sait déjà accrocher son public, égrenant les chansons pop acidulées et arrangées avec générosité, donnant à ses prestations un tour à la fois languissant, espiègle et gouailleur.
À quelques jours de son passage au Québec, la jeune femme de 22 ans a encore gagné en assurance, et traîne même ses premiers scandales de vedette: querelle avec la chanteuse Amy Winehouse, apparition au mois de mars sur une scène du festival SXSW au Texas dans un état d’ébriété avancé, agression d’un paparazzi, etc. D’une manière générale, Lily Allen n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds: "Plus jeune, j’étais volontairement bruyante, odieuse même, pour que personne ne vienne me parler. Je haïssais l’école, la discipline, la morale. J’étais active sexuellement à 14 ans, je fumais, je me saoulais, je me droguais. Je refusais une vie "normale", je voulais être une artiste, coûte que coûte." De fait, elle quitte l’école à 15 ans, après avoir fréquenté une bonne dizaine d’établissements et s’être fait expulser de quatre d’entre eux: "Je me disais: d’où vient l’autorité? Qui nous dicte ce qui est bien ou mal? Je suis un être humain, je devrais pouvoir faire ce que je veux, du moment que je n’assassine personne!"
À l’époque, elle se plonge dans les poèmes de Sylvia Plath, L’Attrape-coeurs de Salinger, le Journal d’Anne Frank – oeuvres emblématiques de la solitude adolescente. Mais surtout, elle délaisse la discothèque familiale où elle a découvert le reggae et le punk (The Clash, The Stranglers, The Slits, Squeeze…) pour se tourner vers la musique électro, le rap et le drum’n’bass: "C’est là que j’ai découvert les premiers enregistrements de Ms Dynamite et, surtout, The Streets, qui m’ont donné plus tard une légitimité: comme Mike Skinner, j’étais blanche, j’écoutais des musiques noires et j’avais envie d’exprimer des choses sur mon quotidien, sans prétention."
Mais avant qu’elle ne se lance dans l’écriture, plusieurs étapes "initiatiques" jalonnent encore le parcours de la future parolière: une histoire d’amour soldée par une rupture douloureuse à l’âge de 17 ans, plusieurs mois passés à l’étranger – en Inde, au Cambodge et en Thaïlande. La brune Lily revient alors régénérée, pleine de paroles en tête: "Je voulais chanter, mais pour réussir dans ce domaine, il faut pouvoir écrire ses propres paroles." Souvent incisifs, parfois sarcastiques, ses textes dépeignent des scènes de la vie quotidienne (LDN), s’attaquent à un copain insensible (Smile, Not Big) ou s’émeuvent, dans une veine plus sentimentale, face au spectacle d’un couple amoureux (Littlest Things).
Après deux années d’écriture et d’acharnement ("ma mère m’a donné sa détermination, son sens de la lutte"), elle signe un contrat en novembre avec la maison de disques Parlophone, mais c’est en déposant ses chansons sur le site MySpace qu’elle devient l’objet d’un engouement collectif, avec à ce jour quelque sept millions de visites enregistrées. Ce succès, elle dit ne le devoir qu’à elle-même, et surtout pas à son père, le comédien Keith Allen, très célèbre en Angleterre. Lily Allen ne se considère pas comme une enfant de la balle, bien au contraire: "Ma mère nous envoyait dans des écoles très chères, là où généralement seuls les gens riches envoient leurs enfants. Mais nous, nous ne l’étions pas du tout. Je suis devenue très jalouse des autres enfants, parce qu’on venait les chercher dans de somptueuses voitures, ils avaient toujours de nouveaux vêtements." Elle reconnaît sa vieille "obsession du luxe", et se passionne pour les livres d’histoire: "J’étais fascinée par les rois, les reines, les robes." Et quand on en vient à évoquer ses ambitions artistiques, cette enfant terrible de la pop anglaise se contente de répondre, laconique: "Je chante pour donner une stabilité à ma vie, pour m’acheter une maison où je pourrai vivre, où je serai sûre de pouvoir dormir tous les soirs."
Le 6 avril
Au Club Soda
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À voir/écouter si vous aimez
– Nelly Furtado
– The Streets
– Neneh Cherry