Tricot Machine : Bien chez soi
Devenu très hype très vite, Tricot Machine vient de lancer un album qui fait neiger dans les coeurs. D’une grande naïveté et d’une poésie saisonnière à propos, leurs chansons sont autant des parcours amoureux dans le froid de l’hiver que des frissons mélancoliques… dans le confort du foyer.
Ils étaient deux, puis devinrent trois, puis une entière petite équipe, soutenue par Grosse Boîte, sous-étiquette de Dare To Care (Malajube) qui se consacre à la musique franco uniquement. Le label en est à sa deuxième sortie (la première était le vinyle de Mexico, de Jean Leclerc), mais à son premier album donc, avec une audace et un bon goût suffisants pour s’inscrire dans la durée.
Le groupe Tricot Machine, c’est Catherine Leduc (voix) et Matthieu Beaumont (piano, voix). Remarqués déjà grâce à un EP de trois chansons qui a rapidement parsemé les radios universitaires et communautaires, leur poésie s’est en effet vite répandue comme un coup de fraîcheur dans la nouvelle chanson québécoise.
"Pour la sortie de l’album, on a eu une grosse fanfare qui est venue jouer avec nous, nous confie Matthieu en entrevue. C’était à la hauteur du buzz qu’a connu notre album. Au début, ça ne concernait qu’une petite clique, puis ça s’est élargi très vite. Et pourtant, ça reste un album tellement artisanal!" Album artisanal, mais pour lequel il a fallu entrer en réimpression dès le premier week-end…
Pour la création de son premier album, le duo a travaillé conjointement avec le réalisateur David Brunet (proche collaborateur de Daniel Boucher et Yann Perreau). Mais d’abord sont venus se greffer au projet les textes de Daniel Beaumont (lauréat du prix Parolier au festival de Petite-Vallée en 2005, et frère de Matthieu), textes qui ont donné l’impulsion vitale à Tricot Machine.
"L’album se tient bien. Pour la suite des choses, c’est sûr qu’on va essayer d’autres genres de formules. L’idée, c’est qu’on s’amuse. On pourrait par exemple descendre au Mexique, louer une villa puis y composer un album. On a quelques idées de projets en route, puis tout le monde autour de l’album a de bonnes idées. On ne va pas s’en priver!" nous dit Matthieu, prêt à laisser de côté son boulot de biologiste pour la musique.
Le couple, originaire de Trois-Rivières, n’écarte pas l’idée de partir en tournée cet automne en formule légère: "On pourra s’offrir un char d’ici peu. On n’aura plus qu’à mettre le piano dans le coffre puis à filer sur la route pour aller donner de l’amour au monde!" Un esprit pas très éloigné de celui de l’album, intimiste et ancré dans le quotidien du couple, au point qu’on ne se rend pas compte que c’est un tiers qui compose les paroles… Déjà une date aux FrancoFolies a été confirmée, nous confie Matthieu.
Et le couple, ça va? "On s’en sort bien, nous dit Matthieu, sourire en coin. Souvent, on va voir des spectacles à Montréal, puis on se désiste au dernier moment, juste après le souper… On est quand même un vieux couple, on approche la trentaine. C’est le temps de penser à avoir des enfants, ce genre de choses… Mais on s’en sort."
Joli mélange de chansons enfantines (ils sont de la génération Passe-Partout) et de chansons québécoises plus affirmées (Beau Dommage, Richard Desjardins), Tricot Machine érige sa poésie sans concession grâce à un accent québécois prononcé, tantôt réservé aux groupes punk voire hip-hop québécois, mais ô combien savoureux. Sans doute un groupe important, selon toute vraisemblance, de la nouvelle chanson québécoise.
Le 6 avril, à 22h
À la galerie Rouje
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