Vulgaires Machins : Porteurs d'idées
Musique

Vulgaires Machins : Porteurs d’idées

Les Vulgaires Machins, avant de s’envoler pour une douzaine de spectacles en France, font un arrêt à Trois-Rivières avec Subb et Akuma, deux formations engagées. Entretien avec le chanteur du band, Guillaume Beauregard.

Au lendemain des prix Juno, où les Vulgaires Machins étaient en nomination dans la catégorie Album francophone de l’année pour Compter les corps, le leader Guillaume Beauregard ne montre aucun signe de déception. Il avoue même que les membres du band punk savaient qu’ils ne feraient pas le voyage de retour avec un trophée sous le bras. Cependant, s’ils n’ont pas remporté les honneurs lors de la soirée de dimanche, ils ont gagné quelque chose de beaucoup plus important à leurs yeux: un spacieux véhicule pour trimbaler leur musique et leurs idées.

"On a fait beaucoup parler de nous dans les médias. Et dans l’optique de faire parler du groupe et de porter le message [engagé] le plus loin possible, je pense que ça a donné un coup de main", croit-il. En effet, défendre des opinions politiques et sociales n’est pas une marque de commerce, mais bien un mode de vie pour les musiciens de Vulgaires Machins. C’est ce qui explique les textes enflammés de Compter les corps, qui dénoncent le néo-libéralisme, les maux planétaires, la convergence des médias, la pensée unique. "Moi, j’ai une chance incroyable dans la vie, c’est de pouvoir véhiculer mes idées dans mes chansons. J’ai écrit 99 % des textes sur l’album. Je ne peux pas dire que je suis quelqu’un qui est réprimé dans ses opinions et dans ses idées. Et en ce qui concerne les choses qui me préoccupent dans la vie, que ce soit un sentiment d’impuissance par rapport à ce qui se passe sur la planète ou un intérêt à vouloir légaliser l’héroïne, il n’y a jamais rien ni personne qui m’a censuré", clame Beauregard. Mais, n’a-t-il jamais eu peur d’aller trop loin dans ses propos? "Non, vraiment pas. La seule frontière que je me mets, c’est une frontière qu’on a établie nous-mêmes, c’est-à-dire que je n’irais pas chanter quelque chose qui n’est pas d’un commun accord avec le groupe. Quand j’aborde un sujet et que les autres ne sont pas nécessairement d’accord avec moi, et ça arrive, on en discute." La chanson Légaliser l’héroïne, au propos plutôt difficile à endosser, a par exemple allumé bien des discussions. "Je me souviens, au début, quand j’ai fait un premier jet pour Légaliser l’héröine, ça a encouragé le débat. Il y avait des réticences. Et ça a juste porté la chanson à un autre niveau. Ça m’a obligé à réfléchir à ce que je disais, à mes arguments. Et c’est vrai qu’il faut nuancer sur une idée semblable. Tu ne peux pas être tout noir ni tout blanc."

Compter les corps propose un sombre portrait de la vie. Est-ce vraiment de cette manière qu’il la voit? "Je pense sincèrement qu’on vit une époque où on est, de façon générale, sans mépriser personne, très désengagés de ce qui se passe au niveau planétaire. Pour moi, c’est la seule façon d’être direct avec les gens qui écoutent notre musique, et les gens qui m’entourent. C’est de regarder le monde en pleine face et de mettre en lumière le danger de se désengager des enjeux. Je pense que la noirceur est là, dans le cynisme, dans le manque de volonté et d’intérêt pour la démocratie. Et toutes les belles choses qu’on a pu réussir au cours des dernières années, toutes les causes pour lesquelles nos ancêtres se sont battus, je pense que là-dessus on est rendus tellement cyniques et désengagés que, oui, la vie est sombre! Je ne dis pas par là que je suis quelqu’un de malheureux et que je vois toujours la vie du mauvais côté. C’est juste que parce qu’on a une tribune, parce qu’on fait de la musique, on a décidé de le faire pour la cause et non pour le divertissement", conclut le chanteur.

Le 6 avril avec Subb et Akuma
Au Maquisart
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