Damien Robitaille : Électrisant porc-épic
Damien Robitaille, porc-épic de la chanson d’ici, secoue ses épines sur la scène du Club Soda pour sa rentrée montréalaise. Ses couplets absurdes et émouvants sont à l’honneur.
Le porc-épic est un étrange animal. Il intrigue, étonne et fait un peu peur. Cette petite bête est-elle dangereuse? Qualifié lui-même de "drôle de bébitte", pas surprenant que Damien Robitaille consacre une chanson au porc-épic… "J’aime ça être perçu de même. Parce que je viens de l’extérieur, avec mon accent, les gens vont trouver ça bizarre. C’est sûr aussi que j’écris de manière un peu absurde. Parfois, je sens un peu de pression et je me dis qu’il faudrait que je sois drôle, mais j’essaie de me calmer!"
Les commentaires, enthousiastes, fusent de toutes parts, tant dans les médias que dans le public: quel énergumène! Et on s’entend, généralement, sur son talent singulier pour l’écriture de contes dingos (à la Thomas Fersen) et l’interprétation éberluée qu’il en fait: "Il me semble que j’ai une autre façon de voir les choses, que je me sens comme ça, que je suis dans le champ. En Ontario, je me sentais comme ça aussi. J’ai toujours été à mon propre rythme. J’ai même pas été élevé dans un village, mais dans un champ isolé. On ne sortait pas beaucoup." Damien Robitaille n’a pas été chassé de son Ontario natale, c’est lui qui a choisi d’étudier à l’école de la chanson de Granby et d’installer sa guitare à Montréal.
"Sur la scène, je suis comme dans une bulle, alors je me sentais vraiment différent des autres", raconte Robitaille au bout du fil, évoquant ses participations aux spectacles collectifs de Tous les garçons. Tout au long de l’entretien, ponctué de déconnages, le thème qui revient le plus fréquemment est l’aspect solitaire et rêveur du jeune chanteur, et ce, depuis son enfance. La bête rigolote et charismatique sur scène se tapit un peu, pour faire de la place à l’auteur sensible de belles chansons comme Dans l’horizon, je vois l’aube ou Astronaute: "Ça a pris du temps à assumer ces tounes-là, alors qu’à mes débuts, je misais plus sur l’humour. J’étais inconfortable de chanter l’Astronaute, ça ne me tentait pas de montrer cette partie-là de moi." Il suffit de lire entre les lignes, à travers l’accent marrant: son univers n’est pas qu’humour. C’est un artiste plus complet que ça.
"Je reviens d’une tournée de promotion en France, dans les maisons! Ça s’appelle Chant’ Appart’. Les gens invitent du monde dans leur salon, une centaine de personnes. Et je joue mes chansons piano/guitare. L’accueil a été très bon. J’y retourne en mai et juillet."
Les chansons de Robitaille ont connu une excellente métamorphose en passant de la scène au cd. De la formule cabaret, piano-voix, avec parfois un titre à la guitare, aux fantastiques morceaux pop, très arrangés (Je tombe, Cercles, etc.) sortis du studio et des mains de Jean-François Lemieux, Alexis Martin et Simon Godin. Ça décolle ferme. Un porc-épic pop, avez-vous déjà vu cela? Il chante Sexy séparatiste, et ça pourrait devenir un tube, dans les apparts français comme sur les radios commerciales québécoises. Chose certaine, son album L’Homme qui me ressemble est contagieux. Plus on l’écoute, plus on l’aime.
L’entrevue se termine, on lui souhaite bonne chance pour sa rentrée, son Club Soda où il évoluera entouré des mêmes Lemieux (basse) et Alexis Martin (batterie), ainsi que de Dominique Lanoie aux guitares. Imperturbable, il réplique en nous souhaitant joyeuses Pâques! Énergumène, dites-vous? Gaffe à ses épines en forme de chansons. Elles piquent, mais font du bien.
Le 18 avril
Au Club Soda
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À voir/écouter si vous aimez
-Thomas Fersen
-Plume Latraverse
-Pierre Lapointe
CV
Naît en Ontario, apprend la guitare, le piano, la trompette et le violon. Sous le charme des Beatles, il compose ses premières chansons en anglais.
En 2000, son prof de musique le pousse à écrire en français.
2000-2003: Il participe à divers concours de musique, fait la première partie de Jim Corcoran. Il remporte l’Ontario Pop, ce qui lui permet d’aller étudier à l’École nationale de la chanson de Granby
2003-2004: Les prix s’accumulent: ROSEQ, Granby, Francofolies, etc. Le jeune homme s’établit à Montréal pour travailler son répertoire.
2005: Au printemps, il gagne les Francouvertes, ce qui lui vaut de sortir un démo à l’automne.
Automne 2006: Enfin, le premier vrai album de Damien Robitaille sort: L’homme qui me ressemble fait frémir la critique.