Galitcha : Inde-fusion
Galitcha propose un métissage entre la musique traditionnelle indienne et le folklore occidental. Tête-à-tête avec son leader, Kuljit Sodhi.
Issu d’une famille de musiciens, le chanteur d’origine indienne Kuljit Sodhi est arrivé à Montréal alors qu’il était enfant et s’est nourri petit à petit du multiculturalisme ambiant de la métropole pour façonner sa musique. Aux quatre langues qu’il pratique couramment – urdu, hindou, punjabi et anglais -, il ajoute la langue de Molière à sa palette en entrant au cégep de Jonquière en 1986. "L’anglais, c’est la langue de la business, un mot pour dire chaque chose. Le français me fait beaucoup penser à l’urdu ou à l’hindou, il y a plusieurs mots pour dire une chose…", commence le chanteur dans un français rouillé.
Au tournant du siècle, il déménage à Ottawa et rencontre, dans les cafés et bars de la capitale, trois musiciens chevronnés et curieux, qui formeront avec lui le groupe Galitcha: Chris MacLean (voix et instruments à cordes), Linsey Wellman (voix et instruments à vent) et Shawn Mativetsky (percussions).
Après Satrang, un premier album sorti en 2002 qui a agi à titre de "passeport" notamment dans les radios canadiennes et auprès du public, Galitcha rapplique avec Célébration Blé d’Inde, une galette qui est à l’image du chemin parcouru par le groupe depuis, nourri par ses nombreux périples autant "géographiques, historiques que musicaux". S’ancrant toujours dans une musique folklorique de l’Inde de l’Est, sur des instruments traditionnels et contemporains, Galitcha marie ici des styles occidentaux comme le jazz, mais aussi des bonnes vieilles chansons québécoises!
Kuljit Sodhi voit dans les turluttes québécoises des similarités avec la musique traditionnelle de l’Inde du Nord ou du Pakistan. "Dans ses mélodies, ses rythmes, mais aussi dans les couplets… La première phrase est rarement liée à la deuxième, ça parle de la météo par exemple pour ensuite parler de ton cousin! (rires)"
Après qu’un directeur musical européen l’eut confondu avec Yves Lambert (La Bottine Souriante) – alors qu’il ne portait pas son turban, précise-t-il -, Kuljit fait finalement la rencontre du grand gaillard barbu, et une grande amitié se lie entre les deux hommes, qui n’ont pas que des traits du visage en commun. "C’est un homme gentil, bon, doux, qui ne se prend pas pour une diva! (rires) Il fait encore de la musique qui vient du coeur", atteste Kuljit, qui a donc fait appel à la voix et aux instruments d’Yves Lambert pour deux pièces de l’album: Blé d’Inde (issue d’un jam) et la reprise de J’entends le moulin de Philippe Bruneau.
Traversé de prières, de chants de dévotion et de méditation, l’album est foisonnant, dépaysant de par ses rythmes vibrants et sa voix métisse. Le chanteur a d’ailleurs pris la peine de décrire chaque chanson dans le livret, un peu comme il le fait sur scène. Mais ce n’est généralement pas dans les mots qu’il cherche à transmettre l’essentiel. "Le mood est très important dans mes chansons. Je pense que la langue et les mots ne sont pas primordiaux. Mon grand projet, c’est de communiquer mon message autrement qu’avec les mots", conclut-il.
Le 13 avril
Au Côté-Cour
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