Magnolia : Solitude entre amis
Magnolia cultive sa musique avec minutie et entre amis. La violoncelliste troque son instrument de prédilection, qu’on a pu entendre avec Lhasa De Sela et Arcade Fire, pour la guitare et le banjo. Un voyage intimiste et chaleureux.
De l’eau chaude tout simplement. Mélanie Auclair connaît tous les petits trucs du métier. Habituée aux tournées qui s’éternisent de l’autre côté de l’océan, elle garde à portée de main sa propre sélection de sachets de thé bio. Elle sait en rire, mais les vieilles habitudes se cultivent comme une routine qui sécurise. "Avec Lhasa, en tournée, ça n’avait plus de bon sens, rigole-t-elle. Nous avions nos propres petits brûleurs pour faire bouillir notre eau. Nos sacoches étaient devenues des trousses de survie." Mélanie Auclair, c’est la violoncelliste que tout le monde s’arrache pour les enregistrements ou pour les tournées. Mélanie, c’est Magnolia aussi. Une chanteuse folk qui, en compagnie du guitariste Rick Hayworth, a complété un album intimiste et envoûtant aux textures acoustiques riches et enveloppantes. "Rick! C’est mon mentor", exprime la chanteuse et multi-instrumentiste pour qualifier notre Ry Cooder québécois. "C’est lui qui m’a guidée dans cet univers country et folk. Avant, j’avais beaucoup de préjugés, un peu comme tout le monde, je crois. Dès qu’on pense à cette musique, on entend de la musique western et on voit le côté quétaine qui vient avec. Maintenant, tu devrais voir ce que je suis capable d’écouter!"
Au coeur de ce projet solo se trouve un instrument de musique très particulier. C’est en faisant l’achat d’un cavaquinho au Portugal, similaire à un ukulélé, que tout se déclenche pour la violoncelliste de métier qui, pour son propre plaisir, écrivait des textes comme on écrit un journal intime. "J’avais accordé les quatre cordes comme celles d’une guitare. Les mélodies sortaient très naturellement. Le genre d’accompagnements très simples, typiques du folk américain. Les textes s’y sont intégrés et Rick a flashé tout de suite là-dessus." Une direction musicale totalement imprévue pour la musicienne que nous connaissions pour ses deux précédents disques de musique actuelle, où l’improvisation et l’expérimentation régnaient en maîtres. "J’ai toujours aimé les artistes qui font leur travail sous un pseudonyme, indique-t-elle. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve ça logique. Je ne voulais pas que les gens confondent ce disque avec ce que j’avais fait auparavant sur Puce à l’oreille et Décor sonore. Le mot magnolia m’est venu à l’esprit. J’avais l’arbre en tête, solide et enraciné. Instable et fragile aussi, avec ses fruits qui sont éphémères."
Bien enracinée dans un projet qu’elle chérit, elle voit les amis musiciens accourir spontanément pour y participer. À titre d’exemple, Patrick Watson, à l’harmonium et à la voix sur la chanson Quand il fait froid, qui ne s’est pas fait prier pour être de la partie. "C’était lors d’un show-bénéfice pour le Liban à Montréal qu’il s’est pointé sur scène sans prévenir pour m’accompagner, se rappelle-t-elle. Du Patrick tout craché. On a vraiment aimé ça et je lui ai suggéré de m’accompagner sur l’album. C’est ce qu’il souhaitait. On a enregistré les voix dans son appartement. Ce n’est pas très compliqué avec Patrick."
Magnolia
(Audiogram)
Le 18 avril à 21h
Au Gambrinus
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