RJD2 : Pop star
Musique

RJD2 : Pop star

RJD2 empoigne le micro et prend un virage indie-pop inattendu sur son troisième album, tantôt aux frontières du psychédélisme, tantôt fièrement kitsch.

"Tu sais, j’ai attrapé une bronchite lors du dernier sprint de ma tournée, alors c’est vraiment pénible pour moi de parler depuis les deux dernières semaines. Je tousse sans arrêt, mais je reprends du poil de la bête depuis quelques jours", lance d’entrée de jeu Ramble Jon Krohn, alias RJD2, la voix affectée. Malgré l’affaiblissement qui le tenaille, le maître du copier-coller n’a pas l’intention d’annuler le reste de sa tournée. Tel que prévu, RJ s’arrêtera en ville dans quelques jours. "Ce sera serré et pas nécessairement facile de poursuivre la route, mais ça devrait aller. Tu sais, la vie de tournée est parfois éreintante, mais on se débrouille et, en règle générale, c’est vachement amusant", poursuit-il, enthousiaste.

Depuis la parution de Since We Last Spoke en 2004, on connaissait son penchant pour les structures pop. On peut maintenant affirmer qu’avec The Third Hand, l’un des producteurs hip-hop les plus encensés de son époque se métamorphose en bombe pop. Il se décide même à chanter la plupart des nouveaux titres. Des explications? "Certaines personnes considèrent que l’album n’a rien à voir avec mes productions précédentes, mais je ne suis pas d’accord avec elles. Contrairement à ce que l’on pense, je n’ai pas tenté de faire un disque pour attirer un public plus large. J’ai simplement essayé de produire de la bonne musique et de ne pas m’enfermer dans une boîte sur le plan du style, voilà tout", précise l’inconditionnel de Clipse et D’Angelo.

Exit les M.C. invités, les échantillonnages recherchés et les gros beats hip-hop sales auxquels il nous avait habitués par le passé. Plus mélodique et accessible, The Third Hand préfère plutôt flirter avec le psychédélisme débridé des Zombies et des Beatles, tout en conservant des textures sonores riches. Faut-il croire Nas sur parole et penser que le hip-hop est bel et bien mort? "Je ne crois pas que la scène hip-hop soit ennuyante ces jours-ci. J’essaie simplement de faire mon truc sans trop me soucier de mon entourage et de ce qui se passe ailleurs. Je ne suis pas non plus fatigué de la musique à base d’échantillonnages, mais je te dirais qu’elle n’est plus mon seul intérêt sonore. J’adore encore utiliser les machines à échantillonner, mais il faut se rendre à l’évidence et constater les limites imposées par ces méthodes", avance l’ancien collaborateur de MHz (Megahertz).

Une fois de plus, Krohn a concocté sa mixture groovante dans son petit studio maison, à l’abri des regards indiscrets, mais opte pour un changement de décor en signant avec XL, label d’un certain Thom Yorke. "Cette fois-ci, j’ai simplement eu plus d’outils à ma disposition pour l’élaboration de ce projet, mais contrairement à certaines de mes parutions précédentes, je sentais que le disque ne suivait pas une ligne droite et directe. J’ai donc voulu le faire paraître sous une étiquette d’expérience qui avait mis sous contrat des artistes oeuvrant dans différentes sphères musicales. XL répondait à toutes mes attentes", affirme le jeune homme de 30 ans.

Après ce virage sonore insoupçonné, qu’est-ce qui attend le polyvalent producteur au cours des prochains mois? "Tu sais, je n’ai pas de plan précis dans ma tête. Ma seule intention pour l’instant, c’est de terminer la tournée, et ensuite de m’asseoir confortablement et de réfléchir." Souhaitons que ça porte fruit.

Avec Busdriver, le 16 avril
À La Tulipe
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À écouter si vous aimez:
– Broadcast
– Stereolab
– Syd Barrett