Vincent Vallières : OK, on repart!
Vincent Vallières sillonne les routes du Québec afin de présenter ses nouvelles chansons, issues du Repère tranquille, son quatrième disque, abouti et presque serein.
Vincent Vallières, c’est un baromètre de la chanson populaire québécoise. Il rejoint tous les publics, avertis ou non. Il est vrai que ses chansons s’insinuent chez l’auditeur à pas feutrés. Et, surtout, elles refusent de céder leur place. Goutte à goutte, tel un délicieux poison, elles baignent en notre mémoire, reviennent sur nos lèvres. On chante Vallières, inlassablement, sans vraiment le vouloir. Et on aime plonger dans ses histoires de routes, de fuite, de quotidien "plate" et de bière bue sur la galerie.
OK ON PART
"OK, on part/Ça roule je suis parti avec toi mon coeur/Tu te changes en arrière, je te r’garde dans le rétroviseur/C’est comme dans Volkswagen blues que tu lis en chemin/Sauf que nous autres on court après rien", chante Vallières dans Ok on part sur son avant-dernier disque, Chacun dans son espace. Une bonne chanson représentative de sa manière de faire, de ses petites obsessions: le voyage à l’américaine, sur la route poussiéreuse, les filles – belles de préférence, que l’on épie à la dérobée. Soulignons le clin d’oeil à un de ses écrivains préférés, Jacques Poulin: "En apparence, les romans de Poulin ont l’air d’avoir une petite histoire, à la limite légère, mais t’embarques là-dedans et ça t’habite. Volkswagen blues, Le vieux chagrin, La tournée d’automne, tu lis ça et tu vois toute la beauté dans la simplicité des phrases courtes, l’histoire qui se dessine. J’adore ses livres, ça m’inspire dans mon écriture. Son approche me touche."
"Ce qui séduit dans la chanson ou le roman, poursuit Vincent, c’est cet aspect populaire. Le fait qu’une oeuvre soit pénétrable, de prime abord, sans qu’elle soit niaise. J’aime qu’une chanson puisse habiter le quotidien des gens. Quant à moi, je fais ma toune et je la lance en espérant qu’elle aura la vie la plus longue possible, mais ça ne m’appartient plus." Gageons que le public fredonnera longtemps les Hier au soir; Le temps passe; Chacun dans son espace; Juliette et ses petites dernières, folk-pop à souhait, admirables de simplicité volontaire (Un quart de piasse; Je pars à pied; Laura). À dire vrai, c’est Le repère tranquille au complet qui refuse de quitter notre lecteur. Du Vallières au réveil avec les toasts ou dans nos écouteurs pendant qu’on roule en vélo. Toutes les saisons, toutes les occasions sont bonnes: ses chansons sont tenaces. Sans être pugnaces, elles nous frappent en plein coeur.
VOUS ÊTES ICI
Il faut voir la route parcourue entre Bordel ambiant et Chacun dans son espace (2001), où Vallières trouve enfin son style, sa manière de dire les choses, sans la contestation adolescente qu’il prisait occasionnellement: "Il y avait moins le désir de chialer constamment. En faisant Chacun dans son espace, je voulais relever un défi: écrire un disque qui serait populaire sans être quétaine dans lequel je m’ouvrirais plus. Plus positif, aussi, alors qu’avant j’avais du plaisir à me vautrer dans une certaine tristesse. Je me suis obligé à mettre plus de soleil dans mes chansons, à écrire davantage. J’ai arrêté de chercher l’approbation de mes amis musiciens."
C’est un Vincent Vallières calme et ensoleillé qui fait une apparition plus nette sur Le repère tranquille. On serait tenté de dire serein. Patronné par la figure du grand Johnny Cash, on perçoit quelques effluves country sur cet opus chaleureux et mélodieux comme un fleuve en été. Le sillon Vallières creuse une ornière singulière dans la chanson québécoise. Sur la grande carte routière, on peut lire: Vous êtes ici. Un long chemin l’attend.
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