Dawn Tyler Watson : En passant par le blues
Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers s’offrent en toute simplicité avec le disque En duo. Une rencontre musicale pour dépoussiérer ses racines musicales et laisser place aux caractères bien définis des deux interprètes.
Elle s’est fait attendre. Presque six années, depuis la parution de Ten Dollar Dress, avant qu’elle nous livre une nouvelle gravure. Il faut comprendre que Dawn Tyler Watson fait de la route, beaucoup de route, et qu’elle s’est consacrée à la scène sans retenue. Interprète polyvalente et d’une énergie rare, elle nous offre pourtant une création épurée avec son complice de tournée, le guitariste Paul Deslauriers, lui aussi reconnu comme un soliste flamboyant. C’est donc une double surprise qui nous frappe à l’écoute de ce disque, acoustique. Voilà un exercice de style introspectif et un hommage aux racines musicales qui ont marqué les deux musiciens, de Bruce Cockburn à Smokey Robinson. Le tout se présente dans une formule folk blues, délaissant les clichés des "Woke up this morning". "Rester conforme à ces légendes, en complet-cravate sorti des années 50, et refaire constamment le même répertoire juste pour plaire aux puristes, ce serait complètement inutile, tranche Desrosiers. On s’est laissés aller à notre plaisir dans les styles que l’on aime."
Par contre, cette complicité a pris du temps à mûrir dans l’esprit de la chanteuse. Même s’il avait participé à son Blues Project, la chanteuse voyait mal comment s’adapter en duo à un guitariste aussi haut en couleur. "J’ai appris à le connaître sur la scène, explique-t-elle. C’est un contexte où le groupe est au maximum et c’est très intense. Au départ, j’avais toujours la même perception de Paul et j’avais beaucoup de doutes lorsqu’on a commencé à travailler sur cette formule. Il est tellement on fire! C’est le guitariste solo par excellence. Je n’arrivais pas à l’imaginer dans une atmosphère musicale acoustique et intime. Lui, il n’avait aucun doute. J’ai été agréablement surprise."
Au fil des reprises, de Steve Earle aux Beatles, et des duos vocaux harmonisés avec soin et spontanéité, certaines compositions se glissent à l’intérieur de ce corpus et révèlent la vision que cultive l’interprète pour son répertoire. "Why, c’est la chanson que je voulais imposer sur ce disque, indique-t-elle. J’ai voulu signer un texte qui me représente et me touche. C’est un sujet qui rejoint beaucoup de personnes, on est constamment confrontés au suicide. Et moi-même, après avoir perdu une amie et vécu des périodes dépressives très difficiles, je me sens interpellée par ce type d’émotion."
Cette prise de position et ce désir d’aller au-delà de l’étiquette se font entendre dans les arrangements et dans le choix de certains textes, dont celui de W.C. Clark, chanteur et guitariste blues d’Austin, Texas. "J’aime interpréter des textes qui sont ancrés dans la réalité, assume-t-elle. Celle que l’on vit. On est tellement habitués d’entendre les mêmes choses dans le blues. My baby left me again and again… Je suis tannée de ça. Avec Cold Shot, j’ai tout de suite été séduite. Le texte dénonce cette emprise malsaine de l’Église sur le comportement des gens. C’est un texte qui parle de masturbation, et ce, sans détour. C’est génial! Tout ça mis en contexte, bien sûr. J’adore ces artistes, comme Tori Amos, qui ne se gênent pas pour choisir des sujets très durs et actuels."
Le 26 avril
À l’Anglicane
Le 27 avril
Au Théâtre Petit Champlain
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