Les Breastfeeders : L’urgence du dire
L’énergie brute des Breastfeeders en a fait l’un des groupes phares du rock québécois. Tout juste revenus des États-Unis, ils s’embarquent pour l’Europe dans les prochains jours. Entrevue avec Luc Brien, leader de la troupe qui vit à 100 milles à l’heure.
Qu’est-ce qui donne cette urgence de vivre, l’ingrédient secret dans la potion des Breastfeeders? Est-ce les tournées incessantes dans des camions trop petits et pleins à craquer? Est-ce le rock décapant qui fait suinter les murs des bars et salles de concert où ils se donnent sans compter? Est-ce cette bête iggyesque de Johnny Maldoror avec sa tambourine qui saute, culbute et rebondit sans crier gare? Peu importe la raison, la recette fonctionne à merveille.
Les Breastfeeders étirent les nuits de la Belle Province depuis bientôt cinq ans. La réputation de fêtards qui cassent la baraque qu’ils se sont méritée les sert plutôt bien puisque, après le Canada et les États-Unis, l’Europe les accueillera ce printemps. Ottawa aura la chance de danser sur le yéyé garage des "Breasts" à la veille de leur départ. Après leur premier effort, Déjeuner sur l’herbe (2004), salué par la critique, est paru en 2006 le désormais incontournable Les Matins de grands soirs. Cet opus prouve hors de tout doute que le groupe a sa place autant dans les salons que sur scène, lieu par excellence pour en faire la connaissance.
Récemment revenu d’une tournée américaine qui a conduit le groupe au festival South by Southwest (SXSW) à Austin, Texas, et à Los Angeles, le chanteur Luc Brien s’étonne: "On a été surpris, ça a plus levé à L.A. qu’à Saint-Jean-sur-Richelieu." Il faut dire que la nouvelle scène musicale québécoise a la cote: "On dirait que Montréal, c’est un sceau qui est positif, les gens lui font confiance." Mais si les Américains ne semblent pas s’en soucier, il faut quand même se battre avec les préjugés en ce qui concerne le rock francophone au pays de Johnny Hallyday: "Il paraît que la grande majorité des jeunes groupes en France chantent en anglais. J’ai hâte de leur montrer que c’est cool en français. C’est peut-être qu’au Québec on est rendus plus évolués qu’eux, dans le rock du moins."
Et quant à savoir ce qu’il en sera du prochain album, il faudra patienter, car la tournée prend actuellement toute la place: "J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui composent en tournée. Je ne sais pas comment ils font, ils doivent avoir des plus gros trucks que nous. Dans les vans loués, les uns contre les autres, on n’a même pas assez de place pour sortir une guitare." Si tel est le secret de l’urgence de vivre qui se dégage à leur écoute, dansons pour qu’il en reste ainsi.
Le 20 avril à 21h, avec Xavier Caféïne
Au Babylon
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