Lesbians on Ecstasy : Femme libérée
Musique

Lesbians on Ecstasy : Femme libérée

Lesbians on Ecstasy refait surface avec un deuxième album à la fois bruyant et dansant, proposant un menu plus éclaté que jamais.

De retour d’une escale à Londres où son groupe a participé à une gigantesque fête lesbienne, Bernie Bankrupt dissimule mal la fatigue dans sa voix, malgré un enthousiasme évident. "Même s’il y avait un peu trop de distorsion à mon goût, la réception fut superbe et le contact avec les gens, très positif", annonce-t-elle d’emblée.

Après deux ans sur la route, la bande de party animals des Lesbians on Ecstasy prend une pause de quelques jours avant de repartir en territoire américain. "Tu sais, la tournée est une chose très étrange. De ville en ville, tu continues de jouer les mêmes chansons, mais dans ta tête, une petite voix t’incite à pondre du nouveau matériel, ne serait-ce que pour briser la monotonie. Parce qu’en fait, on souhaite toujours créer de nouvelles chansons. On se dit: "Essayons quelque chose de nouveau et de bizarre", et puis, dans le temps de le dire, on découvre qu’on a cinq nouvelles chansons et qu’il serait temps de faire un nouvel album!" raconte la claviériste.

À la suite de son premier disque éponyme qui donnait un solide coup de pied au derrière de classiques folk lesbiens, le quatuor montréalais livre un deuxième recueil, We Know You Know (joli clin d’oeil à l’album I Know You Know de Meg Christian), s’aventurant dans des territoires musicaux plus abrasifs et variés. Évitant une fois de plus le piège des échantillonnages, le combo féminin mené par Fruity Frankie s’amuse maintenant à piller le répertoire d’artistes oubliés. "On désirait creuser plus profondément dans le passé et déterrer des morceaux obscurs des années 70, moins connus du grand public. Sur le premier album, tout le monde connaissait Constant Craving de k.d. lang et les chansons des Melissa Etheridge. Cette fois-ci, on voulait faire un tour du côté des labels féministes et indépendants pour produire des chansons qui ne joueront pas nécessairement à la radio. On a fouillé dans nos vieux disques et on a déniché plein de sortes de musiques", avance la bidouilleuse en chef.

Produit par la bande et bénéficiant de collaborations avec Jordan Dare et One Speed Bike, ce nouvel élixir électro-punk flirte parfois avec la musique industrielle et conserve les beats lourds du premier opus. Enregistré au fameux Hotel2Tango, We Know You Know explore l’idéalisme des premières théories féministes et analyse la chute de ces idées dans la société moderne, adoptant une facture sonore plus sombre qu’à l’habitude. "Nous aimons tous la musique déprimante! La musique lesbienne des années 70 était optimiste, remplie d’espoir. On écoutait ces dames chanter la beauté et la bonté de la femme et ça nous a poussées à réagir vivement. Trente ans plus tard, l’état du monde a changé et tout est tellement désespéré qu’il est difficile de rester de glace. C’est en écoutant de la musique du passé qu’on en vient à poser un regard sur l’état du monde actuel. On est intéressées de voir ce qui évolue et ce qui n’évolue pas au fil des ans. Parfois, on voudrait que les choses changent, mais elles stagnent. Bref, être femme aujourd’hui, ce n’est pas si simple que ça."

Le 19 avril
À la galerie Rouje
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