Numéro# : Duo de choc
Numéro# apporte un vent de fraîcheur à la planète pop en signant un premier album ludique et drôlement accrocheur, à l’enrobage rose bonbon.
Mitonné à la maison, le premier album du tandem montréalais Numéro#, L’Idéologie des stars, révélait un goût marqué pour une certaine pop commerciale américaine, et surtout, un talent inouï de mélodistes. Pas étonnant de découvrir que des noms comme Britney Spears, Justin Timberlake et même Hilary Duff peuplent le palmarès de Jérôme Rocipon (auteur et chanteur) et Pierre Crube (producteur et bidouilleur). "La mélodie est un élément rassembleur que j’affectionne énormément. Ça hante l’esprit de l’auditeur et c’est ce qui rend la musique pop intéressante de nos jours. Ce qui nous attirait était d’aller chercher des mots qui ne sont pas normalement utilisés en pop. J’adore cette idée de chanter sous sa douche en parlant des journalistes et de la vie d’artiste", avance Rocipon, pince-sans-rire.
Faisant souvent référence au père du situationnisme, Guy Debord, les textes cinglants de Rocipon s’attaquent autant à la société moderne, au monde de la musique pop, qu’au star-system actuel. Pas un peu présomptueux de la part d’un groupe qui s’affiche comme purement pop? "Honnêtement, ça me dérange, ce rôle de dénonciateur du star-system, simplement parce qu’on arrive avec deux ou trois phrases un peu baveuses. C’est révélateur d’une vacuité dans tout ce qui est culturel, particulièrement du propos abyssal des artistes pop d’aujourd’hui. Moi, je déteste les chanteurs à messages. Je n’ai aucun propos à défendre et je ne suis pas porte-parole de ma génération. On a une seule volonté: faire danser les gens. J’ai peur de passer pour quelqu’un que je ne suis pas, et ça me met mal à l’aise", affirme Rocipon, agité.
Lancé grâce à MySpace, le duo s’est fait courtiser par de nombreux labels connus avant d’arrêter son choix sur celui de Champion (Saboteur). "Les conditions de travail correspondaient à ce que l’on recherchait. Les gens comprenaient la direction artistique que l’on souhaitait emprunter, notre esprit, l’image et le style qu’on défendait. Ce qui n’était pas nécessairement le cas avec les autres labels, qui avaient une vision plus traditionnelle des choses, et qui, parfois, ne partageaient pas nos points de vue. On savait que les gens chez Saboteur seraient de bons partenaires de travail", assure le Bordelais d’origine.
Si les comparses désirent exporter leur musique à l’échelle internationale dans un proche avenir (les territoires canadiens-anglais, américains et européens sont visés), leur priorité cette année demeure de faire paraître L’Idéologie des stars au pays de Renaud. "On m’a vu quitter mon patelin en tant que simple étudiant en communications avec un projet musical, donc il y a un peu d’orgueil dans cette exportation. Les gens pensent qu’on brasse des millions de dollars, mais c’est loin d’être le cas. Je n’ai pas envie de vivre comme un étudiant toute ma vie. Je sais qu’on se lance dans quelque chose de difficile, mais je crois en notre projet. J’ai envie de conserver cette naïveté des premiers jours et de voir jusqu’où ça nous mènera." Mon petit doigt me dit que l’étoile de Numéro# n’a pas fini de briller.
Avec ThunderHeist, Jordan Dare, le 21 avril
À la Sala Rossa
Voir calendrier Electronica
À voir/écouter si vous aimez
-Katerine
-Omnikrom
-TTC