John Oliver : L'opéra nouveau
Musique

John Oliver : L’opéra nouveau

John Oliver propose un opéra très actuel, dont la compagnie Chants Libres offre cette semaine la création.

Avec la production de Chants Libres Alternate Visions, le compositeur John Oliver, originaire de Vancouver, nous offre son deuxième opéra après Guacamayo’s Old Song and Dance, une commande de la Canadian Opera Company produite en 1991.

Il y a déjà plus de 10 ans qu’Oliver a commencé à travailler à cet opéra: "Ça s’est développé dans un atelier de l’Opéra de Vancouver et nous avons présenté une première mouture en 1995. Par la suite, des problèmes de financement ont forcé l’abandon du projet à Vancouver, puis j’ai présenté l’opéra à la huitième édition de NewOp (marché de l’opéra) qui se tenait à Montréal en 1999 et qui était organisé par Chants Libres. Pauline Vaillancourt a immédiatement été séduite, et nous y voilà!"

La soprano Pauline Vaillancourt nous a habitués à des productions très particulières qui sont généralement à cent lieues de ce que l’on peut voir, par exemple, à l’Opéra de Montréal, et Alternate Visions, dont elle règle la mise en scène, n’y fait pas exception. Présenté comme un "opéra augmenté", Alternate Visions place le spectateur au centre de l’action, parmi les sept chanteurs habillés de "tissus interactifs" et qui évoluent dans un univers hautement technologique, le libretto de l’auteur Genni Gunn décrivant une histoire où Internet et réalité virtuelle sont au premier plan. Les six musiciens de l’ensemble Bradyworks sont aussi visibles et le compositeur se livre à des traitements électroniques en temps réel. C’est donc assez surprenant de l’entendre dire: "J’ai écrit un opéra relativement traditionnel au niveau de la distribution des rôles, du "qui fait quoi". La partition musicale ne s’appuie pas sur les traitements électroniques, qui viennent après, et l’interaction se produit surtout au niveau visuel avec le travail de Jean Décarie."

On est néanmoins assez loin de l’opéra classique… "L’orchestre, c’est un rock band, explique le compositeur, mais avec des voix opératiques. On a d’excellents musiciens, ceux de Bradyworks! Et la musique est celle de notre culture populaire; ça se passe dans un bar, alors ça commence par du blues et ça va jusqu’à la musique pop et la techno que l’on entend dans les raves." Le compositeur est lui-même guitariste, mais il est heureux d’avoir Tim Brady pour interpréter sa musique: "Je ne suis pas très bon avec la guitare électrique, je joue surtout de la guitare classique", explique-t-il.

La perte d’identité à travers la réalité virtuelle que propose Internet a été au centre de l’actualité ces derniers jours avec le massacre de Virginia Tech, et si l’opéra d’Oliver et Gunn ne propose pas autre chose qu’une traditionnelle histoire d’amours compliquées, c’est quand même avec une mise à jour qui campe l’action au coeur de préoccupations très actuelles. Avec les voix de Rinde Eckert, Jacinthe Thibault, Patrick Mallette, Éthel Guéret, Ghislaine Deschambault, Claudine Ledoux et Jean-François Daignault, ainsi que les musiciens de l’ensemble Bradyworks sous la direction de Cristian Gort. www.chantslibres.org

Du 1er au 5 mai
À l’Usine C
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