Marie-Marine : Originalité en chassé-croisé
Les univers poétiques de Viviane Audet et de Marie-Marine se croisent pour une soirée en programme double. Deux personnalités distinctes qui partagent l’amour des mots et de la chanson. Discussion en croisé.
Elles se questionnent spontanément et se remémorent leur première rencontre, par hasard, il y a plusieurs années. À l’époque, l’une était au début de l’adolescence et l’autre en plein dedans. Viviane Audet et Marie-Marine rigolent tour à tour de ce concours de circonstances qui les unit sur la même scène. Leurs personnalités diffèrent. L’une aime souligner l’expression des sentiments contradictoires qui s’entrecroisent dans ses histoires parfois ludiques et l’autre cultive le mouvement authentique sur scène tout en donnant vie au répertoire inédit de son père. On s’amuse à trouver des points communs dans leur travail respectif: l’amour des mots, entre autres, et l’importance accordée à l’interprétation de ceux-ci. Deux interprètes qui n’ont aucune difficulté à persévérer dans une tradition musicale qui semblait révolue. "Moi, c’est Georges Dor et mon père, bien sûr", explique Marie-Marine pour justifier son parcours musical. "J’ai baigné dans cette musique. J’aime les textes abstraits, en marge de ce que l’on entend, comme si c’était des images que l’on collait les unes aux autres, librement." Une déviance naturelle pour la fille de Raymond Lévesque, issue des arts visuels. "Yves Duteil!" s’exclame pour sa part Viviane Audet, qui en plus de sa carrière d’interprète, assume aussi le chapeau d’actrice. "J’ai dû l’écouter pendant des années, avec Claude Léveillée et la musique française des années 40 et 50."
Toutes deux ont cultivé un intérêt pour un répertoire plutôt éloigné de la musique populaire, qui les interpelle seulement depuis peu. Un trait particulier de leur personnalité qui les distingue et qu’elles assument sans souci. La suite s’est imposée par la force des choses. "À Montréal, je me rendais aux soirées de Vic Vogel, qui improvisait dans un petit bar chaque semaine, se rappelle Marie-Marine. Je me pointais là sans trop savoir comment ça allait se passer, avec la peur de me péter la gueule. On me disait que Vic ne parlait pas pour rien dire et qu’il ne perdait pas son temps avec le monde qui n’avait pas de talent. Je me faisais crier après! Mais je suis d’un naturel effronté et j’y retournais." Une école jazz à la dure qui trouve écho sur Héritage humain, son premier disque, à la facture manouche bien intégrée.
Viviane Audet a pour sa part dû se frotter à la discipline de la musique classique, un chemin qu’elle a trouvé ardu, mais qui lui a ouvert des horizons inattendus. "Je me perdais dans l’interprétation au piano, avoue-t-elle. J’avais l’impression d’être une exécutante totalement coupée de la musique. C’est quand l’un de mes professeurs m’a poussée à chanter la partition que j’ai eu un déclic. Ce fut un élément déclencheur", résume celle qui, après la parution de son disque, Le Long Jeu, a touché à la composition instrumentale avec le film Le Cèdre penché, présenté lors du dernier Festival de cinéma des 3 Amériques à Québec.
Ensemble, sur scène, elles se commettront en duo après avoir interprété leur répertoire respectif. Un exercice qui les motive et qui sera sans doute très spontané pour ces deux artistes polyvalentes et accomplies.
Le 27 avril à 20h
À l’Anglicane
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