Daniel Johnston : Dans la tête de Daniel Johnston
Si Daniel Johnston fait figure de demi-dieu de l’indie-rock américain, c’est que ce maniaco-dépressif notoire a conservé une candeur proche de l’enfance qui rend son oeuvre touchante et intrigante.
En ayant l’intention de parler à Daniel Johnston, on se doutait bien que les choses ne se dérouleraient pas comme à l’ordinaire. D’abord, c’est de son frère Dick qu’on reçoit par courriel la proposition d’entrevue. Ce dernier nous réfère ensuite à Johnston père afin qu’il nous mette en contact avec fiston. Quand on appelle à la maison, celui-ci consulte d’abord sa femme avant de nous fixer un rendez-vous téléphonique. Mais tout cela nous surprend plus ou moins, car quiconque a vu le documentaire The Devil and Daniel Johnston (2005) ne sait trop où en serait rendu cet artiste affecté de sérieux désordres psychologiques sans l’appui, voire le dévouement, de son entourage.
Deux jours plus tard, on le rejoint donc à Waller, petite ville texane située entre Austin et Houston où il vit avec ses parents. Bien qu’on le sente un peu nerveux à l’idée de donner une entrevue ("désolé si mes réponses ne sont pas très bonnes…"), il se révèle assez bavard quand on s’informe de ce qui l’occupe ces jours-ci: "J’ai un groupe qui s’appelle Danny & The Nightmares qui est composé de Jason à la guitare et de sa femme Bridget à la batterie. Nous enregistrons plein de trucs pour un premier album. Notre musique est plus développée que celle que je fais en solo. Je ne peux malheureusement pas voyager avec eux parce qu’ils ont des emplois qu’ils ne peuvent pas laisser… alors pour cette tournée je serai avec d’autres musiciens."
Habité par des pulsions créatives brutes, Johnston a débuté sa "carrière" en enregistrant artisanalement ses chansons jouées au piano ou à la guitare sur des cassettes qu’il distribuait ensuite autour de lui. Et depuis plus de 20 ans, son univers musical comme pictural (ses dessins sont maintenant exposés dans des galeries du monde entier) est marqué par des thèmes récurrents tels que les Beatles, le personnage du petit fantôme Casper et celui de Capitaine America, son amour de jeunesse perdu et sa lutte contre l’emprise de Satan. Ses enregistrements sont peut-être bric-à-brac à l’extrême et sa voix a du mal à trouver la note, son talent d’auteur-compositeur a tout de même conquis la crème de l’underground. Ses chansons ont d’ailleurs été reprises par des artistes comme Wilco, Beck, Tom Waits, Yo La Tengo et Sonic Youth. Et un boost de popularité lui aura été donné quand Kurt Cobain s’est pointé aux MTV Music Awards de 1992 habillé d’un de ses t-shirts.
On pourrait relater durant des pages et des pages les événements ayant marqué son parcours tumultueux, mais ce serait éclipser l’artiste qui poursuit des ambitions toutes simples: "J’ai l’impression que ma musique s’est beaucoup améliorée. J’essaie d’écrire au moins une chanson par semaine, car j’aimerais faire paraître encore plein de disques et, qui sait, peut-être avoir un hit! J’essaie de travailler le plus possible à ma musique et à mes dessins, mais je dois avouer que je suis un peu paresseux…"
Et que préfère-t-il entre dessiner ou jouer de la musique? "Mmmm… écouter des films! s’empresse-t-il de nous répondre avec l’enthousiasme d’un gamin. J’en écoute des tonnes, et mes favoris sont les films de monstres."
Le 5 mai
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