LCD Soundsystem : Journée d'Amérique
Musique

LCD Soundsystem : Journée d’Amérique

LCD Soundsystem signe une deuxième galette d’électro-disco scintillante. On en discute avec James Murphy, tête pensante et chantante de l’irrésistible machine à sons new-yorkaise.

Ces derniers mois, quelques groupes très (trop?) "hypés" y allaient d’un second album attendu. Arcade Fire nous a évidemment rentré dedans et virés à l’envers. Cependant, on est toujours ambivalents face au Bloc Party nouveau et en ce qui concerne le retour des Arctic Monkeys, la galette est efficace sans être renversante, une récidive peut-être légèrement précipitée…

Dans le lot, les New-Yorkais de LCD Soundsystem tirent habilement leur épingle du jeu avec Sound of Silver, petit bijou d’électro-disco qui ramène LCD sur le devant de la scène. À l’autre bout du fil, un James Murphy détendu, très reeeelax. À 37 ans, l’homme derrière cette machine à sons bien huilée ne s’en fait manifestement plus avec les entrevues.

Dans ce monde où les bands à racines électro n’ont pas l’habitude de s’illustrer dans la durée, Murphy semble au-dessus de ses affaires. Un passé punk, sa vaste culture musicale et un sens aiguisé de l’autodérision semblent le préserver des pièges: "Quand j’étais kid, je me définissais par la musique que j’écoutais et que je faisais. C’est merveilleux et puissant, mais tu ne parviens pas à réellement l’écouter car tu es trop occupé à te regarder à travers elle comme dans un miroir. Je ne me définis plus par la musique que je fais. Je suis très content de la façon dont les choses se passent pour moi, mais maintenant je suis vieux et ce n’est plus aussi engageant pour moi de faire de la musique. Par contre, faire des disques qui puissent résister au passage du temps et rester signifiants au-delà de l’époque où ils ont été conçus fait partie de mes obsessions. Bien sûr, on n’a aucun contrôle là-dessus."

La plupart des chansons de Sound of Silver, comme celles du premier opus éponyme, installent d’abord une tension pour ensuite entraîner l’auditeur dans une transe éblouissante, résultat de la répétition de boucles euphorisantes à la longue et réaction à la voix de James Murphy qui chante en s’emportant, pour souvent se retrouver dans un état truculent voisin de l’hystérie. "Comme pour le premier, c’est un disque qui s’est construit à partir d’un mélange de bonheur et d’inquiétude", précise le principal intéressé.

De la chanson Someone Great, moment le plus fort – et déstabilisant – de l’album, Murphy ne dira rien. On a beau chercher… Infidélité, décès d’un ami ou mort d’un nouveau-né, quel est le sujet de cet air doux-amer? Silence radio et malaise palpable à l’autre bout de la ligne: "C’est la seule chanson dont je refuse de parler."

Aussitôt la discussion réalignée sur le fait d’être nord-américain et plus précisément new-yorkais, il redevient loquace. Deux de ses chansons en font état: New York, I Love You But You’re Bringing Me Down et North American Scum ("Scum, c’est une insulte, ça renvoie à des ordures, ou encore à cette ligne de crasse sur le bord du bain à laquelle s’agglutinent ce qui reste de savon et toutes les autres impuretés").

Quelle est, selon James Murphy, la meilleure chose qui pourrait arriver à l’Amérique? "Que nous ayons accès à une information de meilleure qualité, plus ouverte sur l’extérieur. Des événements isolés, de peu d’importance, font les manchettes pendant des jours; on nous assomme avec ça alors qu’il se passe plein de choses dans le monde. Ailleurs, cela m’apparaît mieux équilibré."

Le 9 mai
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