Roméo et Juliette : Roméo et Joni
Musique

Roméo et Juliette : Roméo et Joni

Le chorégraphe Jean Grand-Maître se retrouve à l’opéra et met en scène Roméo et Juliette de Gounod, présenté pour la toute première fois à Québec. Très occupé, entre autres par des collaborations avec Joni Mitchell, il s’exprime sur l’engagement de l’art dans la société.

Directeur artistique de l’Alberta Ballet depuis 2002 et chorégraphe réputé, Jean Grand-Maître fait ses débuts à l’opéra avec Roméo et Juliette de Charles Gounod, présenté à l’Opéra de Québec avec le concours du chef d’orchestre Jean-Marie Zeitouni. C’est là un sujet de prédilection pour le metteur en scène, qui a chorégraphié deux fois déjà le ballet de Prokofiev portant sur cette histoire d’amour consacrée par Shakespeare. Pour cet opéra, il situe l’histoire dans la Renaissance italienne, afin de rendre justice à la tradition et au caractère romantique de l’action. "J’ai travaillé avec Michel Tremblay auparavant, indique le chorégraphe, et je me souviens qu’il m’avait indiqué que l’opéra, c’est une manière de rejoindre le théâtre, mais par l’autre bout, par un autre chemin. Le chanteur est un musicien, certains ont une formation en théâtre, très peu en danse. Mon idée est de créer des tableaux, une succession de toiles peintes, toujours en flux et en mouvement. C’est une manière de me sentir à l’aise avec eux et de faire passer mon message. Créer des peintures chantantes."

Cette histoire traverse le temps et incarne encore aujourd’hui la même clairvoyance en face du sort de l’humanité. Difficile pour le metteur en scène de ne pas se sentir interpellé et de ne pas s’imposer une réflexion absolue. "C’est le metteur en scène Yannis Kokkos qui a dit: "Entre deux guerres, il y aura toujours les caresses des amants"", cite le metteur en scène avec admiration. "Je reviens toujours à ces paroles lorsque je mets en scène Roméo et Juliette. Ce sont les amours sacrifiés pour que la civilisation comprenne et évolue."

Dans le tourbillon créatif qui a entouré la conception du ballet The Fiddle and the Drum, réalisé conjointement avec Joni Mitchell et présenté à Calgary au mois de février dernier, le chorégraphe ne cache pas l’apprentissage exceptionnel qu’il a assimilé. Une rencontre que l’auteure-compositrice-interprète et peintre a décrite elle-même comme l’une des plus belles collaborations de sa carrière depuis Charles Mingus en 1978. Ce ballet, inspiré de l’oeuvre musicale de la chanteuse et dont le propos est une réflexion sur la guerre et l’environnement, s’exprime par le travail audiovisuel de l’artiste mis en fusion avec une chorégraphie originale. "Les artistes ont une aiguille qui plonge dans l’âme humaine et pénètre dans l’abcès pour en extraire l’essence", explique celui qui collaborera à nouveau avec elle pour un autre ballet. "On la ressort et on observe, on regarde. Plus grand est l’artiste, plus profondément peut aller cette aiguille. Mitchell a des aiguilles qui vont en profondeur. C’est pour ça qu’elle déstabilise la conscience humaine. Et la musique… Les textes sont douloureux, mais l’accompagnement sonore, la guitare et les accords qu’elle compose sont d’une beauté! Mais les mots sont laids! Comme dans Roméo et Juliette, le beau fréquente la laideur et fait contraste. Avec The Fiddle and the Drum, on ne voulait pas une oeuvre pamphlétaire, on ne voulait pas moraliser, on ne veut pas avoir des réponses aux questions, on veut juste des questions. Les grands artistes comme Shakespeare et Joni Mitchell, leurs questions sont éternelles."

Le 5 mai à 19h et les 8, 10 et 12 mai à 20h
Au Grand Théâtre de Québec
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