Véronique Lacroix : La Passion selon Véronique

L’ECM a commencé sa vie au Conservatoire de musique de Montréal, où la jeune Véronique Lacroix, étudiante en direction d’orchestre, désirait mettre à profit la présence de jeunes musiciens et de jeunes compositeurs pour bâtir un ensemble qui lui permettrait certes de pratiquer la direction, mais aussi de faire naître des oeuvres nouvelles. Aujourd’hui, 20 ans plus tard, comment mesure-t-elle le chemin parcouru ? J’aurais pu ne lui poser que cette question… La directrice artistique de l’ECM a du feu au fond des yeux lorsqu’elle parle de musique, et son discours, qui part dans toutes les directions sans jamais perdre le fil, est intarissable. "J’ai toujours la même admiration pour les compositeurs et leur travail; je suis une fana de la partition! Chaque partition est pour moi un petit miracle, et quelquefois un grand! Je passe des heures à les admirer et à les décortiquer, et c’est ça qui me garde en vie. La seule chose qui soit difficile, et qui l’est depuis 20 ans, c’est de trouver la bonne façon de révéler ces trésors à un large public."

Si, en effet, l’ECM a, comme tous les ensembles de musique contemporaine, la lourde tâche de faire connaître au public, le plus vaste possible, la qualité des musiques qui se composent aujourd’hui chez nous, Véronique Lacroix a contribué depuis 20 ans à faire émerger un grand nombre de compositeurs (et compositrices) qui poursuivent aujourd’hui leur carrière après avoir vu leur musique bénéficier d’une première exécution dans un programme de l’ECM. Une première, puis une deuxième, ce qui est déjà un luxe. Parce que lorsque Véronique Lacroix accorde sa confiance à un jeune compositeur, c’est pour longtemps. "On travaille avec les compositeurs qui sont au programme de ce concert depuis une dizaine d’années, et c’est un plaisir de suivre leur évolution et de retrouver à chaque nouvelle oeuvre leur manière propre."

On pourra entendre trois créations lors du concert 20e anniversaire de l’ECM: "Pierre Klanac avait dès ses débuts une signature, une certaine tendance à la contemplation, utilisant un minimum d’éléments, mais transformés par un travail de moine en d’infinies variations. L’oeuvre que nous jouerons est un canon qui donnera beaucoup de travail aux pianistes André Ristic et Sara Laimon. Nicolas Gilbert, lui, est un compositeur qui a du souffle et qui aime la virtuosité, et on peut dire qu’il s’est amusé à concocter une sacrée partition pour le violoncelliste Matt Haimovitz. Enfin, Ana Sokolovic [dont l’OSM vient de créer une oeuvre], c’est l’âme slave, truffée de détails, et dans l’oeuvre que nous jouerons, c’est une véritable explosion. Il s’agit d’un poème serbe, que nous avons créé en 1997, mais auquel elle a ajouté quatre traductions, en français, en arabe, en kifoulirou [dialecte zaïrois] et en indonésien; et la musique, évidemment, s’adapte au rythme particulier de chaque langue." On a hâte d’entendre Michèle Motard (mezzo-soprano) chanter ça!

L’ECM donnera aussi, pour notre grand plaisir, la reprise de Cadavres presqu’exquis, une oeuvre commandée au collectif de compositeurs Espaces sonores illimités et créée en 1996. Les 24 musiciens de l’ECM seront dispersés aux quatre coins de l’église pour l’interpréter et Véronique Lacroix nous annonce qu’Espace musique enregistrera l’oeuvre en format 5.1! Des plaisirs renouvelables en perspective! www.ecm.qc.ca

Musiques à longues portées! – Une soirée Espace musique
Le 9 mai, à l’église Saint-Jean-Baptiste
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