Bivouaq : En plein vol sur le sol
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Bivouaq : En plein vol sur le sol

L’imaginaire de Jérôme Gagné se dévoile dans le groupe indépendant Bivouaq. Un collectif qui s’associe à Dany Placard pour la réalisation de son premier album, qui doit paraître bientôt. Pour l’instant, on a de quoi se mettre sous la dent.

Au premier coup d’oeil, le dernier maxi du groupe Bivouaq attire et intrigue. Sur une plaque de bois, retenu par un large élastique, un paquet avec un dessin original en guise de couverture nous invite à le découvrir. Les textes se dévoilent devant nous dans une succession de feuilles toutes pourvues d’illustrations qui symbolisent chacune des chansons. "Le but, c’était de faire un disque qu’on laisse traîner un peu partout", explique Jérôme Gagné, auteur, chanteur et guitariste du groupe. "Quelque chose qui s’éparpille, qui se salit avec le temps. Un objet vivant. On en a imprimé 200 pour commencer, mais ça part pas mal vite. On veut en faire imprimer d’autres, sauf que ça risque d’être beaucoup de travail. On les fait à la main, à partir de vieux papiers qu’on a trouvés dans les catacombes du cégep." L’étudiant en arts visuels conjugue bien cette discipline à la musique. En feuilletant les cartons, on remarque un personnage: un homme, le plus souvent avec une guitare, dont la tête est une cabane d’oiseau avec un seul trou à la hauteur des yeux et un bec en guise de trépied. "C’est une mascotte que j’utilisais pour un autre groupe, précise-t-il. J’ai toujours aimé ce concept de la boîte. Ça symbolise beaucoup de choses, autant la liberté que la sécurité, une forme de dualité. Ça me représente bien. J’ai toujours voulu "crisser" mon camp ailleurs et voir du pays, et en même temps, on s’habitue à la sécurité que peut nous donner un environnement."

En studio les fins de semaine, pour terminer le prochain disque avec la complicité de Patrick Boivin à la guitare, Catherine Chevalier à la trompette, Rémy Nadeau (Hot Springs) à la basse, Jean-François Mineau à la batterie et Francis Mineau (Malajube) "au Wurlitzer, quand il a le temps", le meneur de troupe reste fidèle à une démarche artistique qu’il a entamée en solitaire. "J’essaie de ne pas trop m’embarquer dans des discours cyniques ou bien d’aller dans le sarcasme, indique-t-il. Je trouve ça pas mal fastidieux de vouloir s’engager concrètement. En arts visuels, par exemple, c’est plus flagrant. Quand tu dénonces, tu l’illustres sans avoir à inscrire des mots précis pour appuyer ton idée. Je cherche surtout une manière de jouer avec les mots sans trop m’attarder sur des choses personnelles. C’est plus du fantasme ou des mises en situation. Je n’écrirai jamais une chanson qui aura le titre Isabelle."

C’est en compagnie de Dany Placard et de Geoffrey Côté à la réalisation qu’il s’affaire maintenant à produire un disque spontané, très fidèle aux performances scéniques du groupe. "Je ne sais pas si tu as déjà vu Dany en spectacle, demande-t-il. C’est quelqu’un qui peut paraître assez froid. En studio, ce n’est pas le cas. Il a de l’oreille et il s’implique dans le son du groupe en faisant beaucoup de propositions. Ce n’est pas froid comme contact, c’est très chaleureux. On n’a pas le sentiment qu’il y a un chronomètre en marche. Si on a une nouvelle idée, on se lance dedans et on prend le temps de la mener à terme."

Le 11 mai à 22h
À la galerie Rouje
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