Chromeo : La revanche des nerds
Musique

Chromeo : La revanche des nerds

Le duo Chromeo nous revient avec une nouvelle décharge électro-funk suintante.

Véritables extraterrestres dans l’univers de la pop dansante, Pee-Thug et Dave 1 ne se plaignent pas de l’étiquette kitsch qui leur colle à la peau depuis la parution de leur premier album, She’s in Control, même si une certaine crainte se pointe à l’horizon. "Tu sais, je ressens un gros stress avec la parution de ce disque. Je me demande parfois si on a réussi notre coup. Les gens ont tendance à nous traiter de quétaines, mais à ne pas remarquer le travail nécessaire pour arriver à produire du bon quétaine!" laisse tomber Dave 1, chanteur et guitariste de la formation.

Bénéficiant d’un budget plus élevé et de moyens techniques supérieurs, mitonné à Montréal, New York, puis complété et mixé à Paris, Fancy Footwork s’avérait un titre tout à fait approprié pour cette nouvelle collection volontairement rétro. "Produisant de la musique dancefloor, on cherchait quelque chose de catchy et de drôle à la fois. On collectionne les vinyles depuis l’âge de 15 ans, et ces mots évoquaient un vieux vinyle obscur acheté dans un magasin de disques usagés sur St-Denis en 1996!" rigole l’ancien étudiant en latin.

Délaissant quelque peu les talkbox et autres machines à trafiquer la voix, les potes prolongent la recette gagnante de She’s in Control en poursuivant leur vocation: faire danser avec le sourire. "Malgré notre côté play-boy très chaud qui est là pour amuser, on cultive un aspect nerd totalement assumé. Ce qui est important pour nous est d’avoir du plaisir et de faire sourire. La musique pop est là pour divertir. Certes, il est plus facile de prendre au sérieux un groupe comme Arcade Fire, mais il y a de la place pour tout le monde", assure l’homme de 28 ans, installé à Paris depuis l’automne dernier.

Meilleurs amis depuis leur tendre enfance, Dave 1 et Pee-Thug ont concocté 13 nouveaux titres davantage axés sur les structures pop traditionnelles et l’abondance de textes libidineux. "L’esthétique demeure la même, mais on a poussé le délire en insistant sur le chant et le raffinement de la production en tentant de camoufler une certaine froideur. Beaucoup de gens produisent de l’électro, mais trop peu considèrent l’importance de l’aspect accrocheur. On voulait pousser notre univers sonore le plus loin possible afin de se démarquer du peloton", précise le grand consommateur de rap, exalté.

Alors que la guigne du deuxième album s’acharne sur un nombre incalculable de groupes, le tandem, moitié libanais, moitié juif, passe le test en empruntant librement à Supertramp, Prince et même au roi de la pop. "La plupart des artistes se plantent au deuxième disque, mais une des rares exceptions, c’est Michael Jackson, car Thriller est supérieur à Off The Wall. Il a produit des mélodies et des refrains mémorables tout en mettant de l’avant une production plus propre. On a tenté d’analyser ce qu’il avait fait et de s’inspirer de la transition. On nous a dit que l’album possédait un esprit à la Quincy Jones, et je trouve ça très flatteur", raconte-t-il fièrement.

Étant à l’électro-funk ce que les White Stripes sont au rock, les deux protégés de Tiga seraient-ils nostalgiques des années 80 ou carrément obsédés par l’idée de créer d’habiles pastiches? "Lorsque j’ai envie de produire de la musique, je pense à ce qui m’a marqué quand j’étais petit. Avec ce projet pop, on en a profité pour explorer la fibre qui nous touchait le plus. Si, en tant qu’artiste, tu es en mesure de contextualiser tes influences, d’exprimer ta voix à travers ta direction musicale et de faire en sorte que les gens s’éclatent, tu as atteint ton objectif." Mission accomplie pour Chromeo.

Chromeo
Fancy Footwork
(Last Gang / Turbo)

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