The Melvins : Le King et moi
Buzz Osborne, avec la fougue qu’on lui connaît, est toujours à la tête des Melvins depuis 17 ans. Lui et Dale Crover s’unissent aux musiciens de Big Business pour un nouveau délire musical en puissance.
C’est en Irlande que nous joignons Buzz Osborne, en pleine tournée européenne avant son passage au Festival international de musique actuelle de Victoriaville. "En ce moment, nous sommes à Dublin, précise-t-il. Aujourd’hui c’est notre dernier show ici, alors, so far so good!" Les Melvins poursuivent leur parcours hors des sentiers battus, et le membre fondateur daigne accorder une entrevue au journal Voir. "War?" demande celui qui semble douter du bien-fondé de l’exercice. Après les politesses d’usage, il est bon joueur et s’accorde un moment de répit pour satisfaire son interlocuteur: "Here ya go…"
Après 18 albums studio, Dale Crover (batterie) et King Buzzo (chant et guitare) s’adjoignent les services des membres de Big Business, duo métal composé de Jared Warren (basse) et Coady Willis (batterie). Une réunion qui permet au groupe de rajouter un batteur supplémentaire et d’avoir deux chanteurs en prime. Cette dynamique a donné à leur 19e album, (A) Senile Animal, paru l’automne dernier, une dimension surprenante. Nous aurions pu nous attendre à un concentré de percussions et à un défoulement collectif en tous genres, mais nous sommes en face d’une réalisation précise, tout de même décapante, qui laisse croire à une obsession de la perfection. Le guitariste ne s’attarde pas trop sur l’exercice analytique et se contente d’acquiescer avec ironie sur le fait que son groupe est tout simplement génial. "Nous avons constamment des nouvelles idées et nous sommes continuellement en train de composer, explique-t-il. Il n’y a rien de parfait, on fait un paquet de conneries à travers tout ça. Mais, malgré tout, il n’y a rien qui peut nous arrêter. C’est tout ce qui compte, alors, fuck it!"
Le King ne s’assagit pas. "Tu as raison, appelle-moi Votre Majesté, indique-t-il. Je suis assez pointilleux sur le jetsy." Toujours dans le circuit underground depuis plus de 17 années, les Melvins persistent à faire de la route et offrent la même expérience scénique qui semble faire l’unanimité par son intensité. Il n’y a que sur la scène que le groupe se révèle et prend toute sa raison d’être. "C’est quand même plus facile que c’était, constate-t-il. Malgré tout, on est quand même restés à un niveau très underground pendant toutes ces années. Ça n’a pas changé. En fait, il y a pas mal de choses qui n’ont pas changé dans la musique en général. Sur le plan négatif je veux dire. De toute façon, pour un groupe indépendant, c’est encore la même merde. Peut-être que les communications et Internet ont contribué à améliorer la situation… Et alors?"
Rien à faire de cette entrevue, vous disais-je? Sauf pour l’essentiel. Le guitariste est sur le point de monter sur scène et s’accorde un dernier moment de générosité à notre égard. Comment s’explique-t-il l’indéfectible collaboration avec son fidèle batteur après toutes ces années de délires musicaux? "Pour être franc, Dale et moi, on se hait pour se tuer, confesse-t-il en riant. On ne peut pas se supporter. Je lui donne de la merde au little fucker! Il est à moi. Mine, baby mine!"
Dans le cadre du FIMAV
Le 18 mai à 22h
Au Colisée des Bois-Francs