Claude Dubois : Qui paire gagne
Pour ses 60 ans, Claude Dubois convie avec générosité et délicatesse une poignée de grosses pointures à reprendre quelques-unes des immortelles de son répertoire.
Claude Dubois a 60 ans depuis le 25 avril. Il appartient à cette génération d’artistes issus du baby-boom d’après-guerre dont on fait grand cas ces temps-ci, presque 40 ans après le Viêt Nam, San Francisco, le Flower Power, la libération sexuelle et le LSD. Enfant du country-folk, jeune chansonnier frayant dans la contre-culture, il deviendra, après bien des mutations, l’icône pop aux 35 disques et 25 chansons incontournables, indissociables de l’histoire du Québec contemporain.
Aujourd’hui ce parcours à la Rod Stewart passant par l’unplug et le crooner du casino connaît un rebondissement prévisible mais tout de même étonnant, puisque ces Duos Dubois semblent viser directement une francophonie où, hormis cette province, l’interprète du Blues du businessman n’a jamais connu beaucoup de succès.
"J’suis pas très carriériste, je n’ai jamais supporté la France longtemps. Je me passe difficilement de mes espaces personnels et mes vieux meubles… Mais j’ai fait ce disque de duos avec des chansons qui tiennent encore la route, parce qu’elles portent encore les mêmes vérités, afin qu’elles vivent le plus longtemps possible, et tant mieux si elles se répandent dans la francophonie…" dit Dubois, relax. Bénéficiant des efforts visiblement déjà considérables des productions de Zone 3, c’est à une grosse brochette d’artistes français et québécois qui marchent très fort dans l’hexagone que Dubois a proposé de reprendre en duo une poignée de classiques: Cabrel, Bruel, Corneille, Garou, Isabelle Boulay, Linda Lemay, Natasha St-Pier et Céline Dion… Pourtant, contrairement à bien des duos de circonstances, l’affaire ne semble jamais forcée. "Chaque interprète y a trouvé son propre univers, et je ne voulais pas intervenir dans sa perception. Il fallait que ce soit leurs sons, leurs rythmes, leurs émotions… À moi ensuite de trouver ma place là-dedans, sans tasser personne".
Stéphane Laporte, Dupont-Hébert et Dubois ont aussi su proposer aux 13 interprètes de l’album des chansons qui leur ressemblent. Ainsi, Comme un million de gens dans la voix de Linda Lemay prend des allures un poil psycho-pop, Femme de société, des tons de drague élégante avec Corneille, et les élans lyriques de Si dieu existe semblent avoir été confectionnés expressément pour Céline Dion.
Loin des arrangements surannés de Francois Rauber, le moment le plus touchant de Duos Dubois sera sans doute pour bien des Québécois Le Labrador qui, reprise par Vigneault, Desjardins, Dubois, retrouve ses couleurs de complainte. "Elle a repris le sens qu’elle avait lorsque je l’enregistrais avec une guitare et une bouteille de scotch. La fibre nationale, l’existence même du pays, l’amour des Amérindiens, les grands espaces… Je l’ai fait entendre, j’ai vu des amis brailler… Gilles a dit: "On est trois gars du nord…""
Claude Dubois
Duos Dubois
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