Daevid Allen : Freakout!
Daevid Allen aura 70 ans l’an prochain. Il sera au FIMAV ce samedi avec Acid Mothers Gong pour nous démontrer que la créativité n’a pas d’âge.
Le disque Daevid Allen Trio Live in 1963 permet d’entendre la toute première mouture d’un des groupes "de rock" parmi les plus importants en matière de musique de création: Soft Machine. L’un des premiers à mêler le rock, le jazz et l’improvisation, le groupe britannique était finalement cofondé en 1966 par Daevid Allen (guitare), Robert Wyatt (batterie, voix), Mike Ratledge (claviers) et Kevin Ayers (guitare, basse, voix – Hugh Hopper, présent sur l’enregistrement de 1963, le remplacera en 1969). Après une tournée en France en 1967, le citoyen australien Daevid Allen n’obtiendra pas la permission de rentrer en Angleterre avec ses collègues…
Il aura passé à peine un an avec Soft Machine, mais l’ombre du groupe le suit encore partout et l’homme, que je joins par la magie d’Internet quelque part sur la planète Gong, ne s’en plaint pas: "Robert Wyatt est un génie, et les années 60, c’était une époque formidable!" Le seul enregistrement auquel il ait participé avec Soft Machine était un démo (disponible sous diverses formes depuis toujours sous le titre Jet-propelled Photographs) et il a été revisité récemment par Allen: "Je l’ai complètement réenregistré pour Cuneiform Records en 2004 avec mon groupe University of Errors, et beaucoup préfèrent la nouvelle version…" Évidemment, il ne s’agit pas d’une copie conforme: "Je crois en l’évolution de la musique. Elle est peut-être plus circulaire que hiérarchique. J’ai personnellement évolué dans mille directions différentes, d’une manière multidimensionnelle plutôt que séquentielle."
Fondateur, en 1967 (et en France), de Gong, un groupe qui est un creuset d’influences multiples concentrées dans ce que l’on appellera le space-rock, et qui donnera naissance à une nuée d’incarnations, Daevid Allen est, en soi, un drôle d’ovni dans le paysage musical. Le projet de Gong s’est métamorphosé de nombreuses fois, et Allen ne rate pas une occasion de faire évoluer sa créature. "En 2001, j’ai rencontré un journaliste par hasard au supermarché, et il m’a fait l’éloge du groupe japonais Acid Mothers Temple. Quelques jours plus tard, au Royal Albert Hall, Gong partageait l’affiche avec AMT, et j’ai pu rencontrer le guitariste Kawabata Makoto; en les entendant, j’ai immédiatement ressenti une vibe qui me rappelait le vieux Soft Machine." L’affaire est devenue Acid Mothers Gong, dont deux disques sont parus jusqu’à maintenant chez Voiceprint. "C’est la version la plus cutting edge de la tribu Gong." N’allez cependant pas attendre d’extraits de Camembert électrique ou de Radio Gong: "On fait dans la composition spontanée."
Spontané et allumé, Allen l’est toujours, pas de doute. Et sa visite avec Gilly Smith (voix, de Gong), Josh Pollock (guitare, University of Errors) et les quatre Japonais les plus psychédéliques du monde risque de faire vibrer Victo comme jamais. "J’espère seulement que Gong aura inspiré beaucoup de jeunes à mettre l’art et la musique devant les valeurs commerciales, et l’inspiration devant la logique."
Le 19 mai
Au Colisée des Bois-Francs
Festival international de musique actuelle de Victoriaville
www.fimav.qc.ca
À voir/écouter si vous aimez
Acid Mothers Temple
Gong
Soft Machine