Festival des musiques de création : Action-réaction
Musique

Festival des musiques de création : Action-réaction

"L’époque où la musique de création ne s’adressait qu’à une clientèle de connaisseurs semble bien en voie d’être révolue."

Cette fine observation nous provient tout droit de la plume du maire de Saguenay, Jean Tremblay. Il faut croire que ce dernier a un certain flair en ce qui a trait à ce type de musique car, à la vue de la programmation 2007 du Festival des musiques de création, les appelés pourraient être nombreux.

C’est le pianiste Paul Plimley qui aura l’honneur d’ouvrir cette édition du FMC. Tatsuya Yoshida assurera la seconde partie de ce programme double, et ce, en première canadienne. D’origine japonaise, le musicien se plaît à entremêler de façon souvent insolite une foule de genres musicaux allant du folklore japonais jusqu’à un style de musique punk qui décoifferait même un squeegee. Vous l’aurez deviné, Yoshida aime donner dans la fantaisie et il semblerait que son travail est toujours empreint d’humour, ce qui rend le tout encore plus invitant.

Le volet international se clôt avec la présence de la formation hollandaise Corkestra. Mené par le pianiste et claviériste Cor Fuhler, ce groupe de huit musiciens illustre très bien ce qu’on entend par synergie. Bien plus qu’un simple ramassis de musiciens talentueux, Corkestra forme un tout cohérent dont chaque membre est indispensable au bon fonctionnement du reste de l’ensemble. Les amateurs d’ambiances mystérieuses seront ravis.

Pour ceux qui préfèrent les paysages désertiques, les amarantes, les saloons et tout ce qui ramène aux films de cow-boys, il y a un rendez-vous à ne surtout pas manquer. Avec son spectacle Rodéoscopique, le Antoine Berthiaume Sextet s’amuse à récupérer les divers codes du genre pour les transformer en un style de musique absolument unique. Entre la bande sonore de films et le rock progressif hyper-psychédélique, Rodéoscopique redonne ses lettres de noblesse à un mythe trop souvent caricaturé. À ne pas manquer, sous peine de provocation en duel!

Et comme il n’y a jamais rien de trop beau au FMC, voilà que Bernard Falaise complète ce programme double en nous présentant son tout dernier projet: Vache qui veut vole. Tel qu’indiqué par son titre, ce cocktail génial de sonorités électroniques et rock nous emmène directement dans les hautes sphères de la composition musicale. Enrichie par quatre brillants musiciens, dont François Lafontaine, la prestation de Falaise promet grandement.

Enfin, si l’écolo en vous ne cesse de se demander s’il y a vraiment une vie après la mort en ce qui concerne nos déchets électriques tels que nos télés, robots rotatifs, moniteurs d’ordinateurs ou vieux talkies-walkies, la formation P.O.W.E.R. vous annonce que vous pourrez désormais dormir en paix! En effet, le quatuor invite le public à lui faire don de leurs machines désuètes afin de s’en servir à des fins de création. Rien de moins! Bien qu’ils se défendent d’être un groupe, préférant se présenter comme une espèce de programme de récupération, il reste que P.O.W.E.R. fait quand même de la musique et celle-ci gagne à être entendue. Symphonie délirante d’une pollution électronique de plus en plus envahissante, les créations de P.O.W.E.R. suscitent la réflexion.

Bien sûr, ceci n’est qu’un bref survol de la programmation 2007 du FMC. Maintenant, ne vous sentez surtout pas dépassés si jamais aucun de ces artistes ne vous est familier. C’est là une des choses qui fait toute la magie du Festival. Le plaisir de découvrir est à l’honneur, mais aussi celui de sortir d’une salle de concert et d’avoir envie de partager son expérience avec les autres spectateurs. Vous verrez que les discussions diffèrent grandement de celles ayant lieu à la fin d’un spectacle pop. Et qui sait, peut-être y rencontrerez-vous le maire Tremblay?

À voir si vous aimez vivre de nouvelles expériences.