John Pizzarelli : Le prodige et le Godfather
Musique

John Pizzarelli : Le prodige et le Godfather

John Pizzarelli est de retour à Québec avec son quartet pour nous présenter son hommage à Frank Sinatra. Ring a Ding Ding à son appartement de New York pour en savoir plus.

Après Cole Porter, Nat "King" Cole et les Beatles, John Pizzarelli se concentre depuis un an sur le répertoire de Frank Sinatra. Après une tournée avec le Clayton-Hamilton Jazz Orchestra, avec lequel il a enregistré l’album Dear Mr. Sinatra en compagnie du chef arrangeur John Clayton, c’est maintenant avec son quartet qu’il récidive. Une adaptation qui pourrait paraître périlleuse mais qui s’est effectuée avec beaucoup de plaisir. "En répétition, nous avions constamment les arrangements de John en tête", explique le guitariste-chanteur joint à New York. "C’était un peu difficile au début, mais nous avons réussi à faire une sorte d’hommage à son travail. Les références sont claires et, en s’enlevant un peu de pression, nous sommes arrivés à quelque chose de très concluant." Les deux maîtres d’oeuvre de ce disque ont cultivé une complicité très étroite tout au long de cet exercice consacré à Ol’ Blue Eyes. Une collaboration qui enchante encore le guitariste. "En studio, John est arrivé avec des idées très précises, décrit-il. Tout au long de son travail, il m’appelait pour préciser certaines choses. Il y a une grosse part de travail qui lui revient. Le seul point sur lequel je peux dire que c’est mon bébé, c’est cette idée de shuffle, ce roulement en continu, tu vois? J’insistais beaucoup là-dessus et il a su intégrer cette dynamique. Il est très créatif. Il connaît très bien ses musiciens et il n’a pas eu peur de m’amener ailleurs."

Il n’était pas question pour le guitariste de se complaire dans le répertoire connu et quelque peu galvaudé du crooner. Ce disque rend hommage au chanteur du Rat Pack comme il accorde de l’importance aux compositeurs ayant travaillé avec lui. "J’ai choisi cinq chansons qui ont été écrites pour lui. Comme Ring a Ding Ding, qui n’était presque plus enregistrée, et Witchcraft, par exemple, dont Don Sebesky a fait les arrangements. C’était un très bon ami de Cy Coleman, qui l’a écrite à l’époque, et il a fait cette partition pour lui rendre hommage. La première fois que je l’ai jouée, c’était très excitant. Je me disais "Wow ! C’est génial! Ce ‘paaa’ juste après l’entrée!"" Un punch que s’amuse à nous imiter le guitariste avec la spontanéité qui lui est propre.

Il serait difficile de ne pas le questionner sur l’époque où il a pu jouer avec Frank Sinatra. En effet, au tout début de sa carrière, Pizzarelli a fait quelques premières parties pour cette légende… intimidante. "Nous étions constamment en train de nous faufiler un peu partout de manière discrète et nous le regardions, se rappelle-t-il. Nous étions très impressionnés par lui et nous essayions de rester hors de son chemin. Il était quand même assez vieux à cette époque et il conservait ses forces pour la scène. C’est lors des concerts que c’était intéressant. Nous restions en coulisses et observions sa prestation dans les moindres détails." Une distance raisonnable et compréhensible vu la réputation qui entourait ce personnage unique. "C’est pour ça qu’on se contentait de l’observer et de rester hors de son chemin", conclut-il en riant.

Le 30 mai à 20h
Au Capitole
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