Sagacité : Poésie lucide
Sagacité, un an après la sortie de l’extravagant et énergique AbuziveMuzik, débarque enfin à Trois-Rivières avec sa grande famille de neuf musiciens. Entretien avec le bricoleur de beats, Frankofun (alias François Gosselin).
Actif depuis une dizaine d’années, Sagacité consiste en un fin mélange de beats électro et de hip-hop sur lequel dansent des textes francophones aux lignes poétiques. Mais c’est surtout la rencontre des énergies de Maest et Frankofun, deux copains d’enfance ("On se connaît depuis qu’on a la couche aux fesses!" clame ce dernier), et de leurs nombreux collaborateurs.
Jamais le groupe n’a versé dans la vulgarité. Ses pièces, qui dévoilent son amour pour la langue française, sont tantôt une ode à la féminité, tantôt une réflexion sociale. D’après François Gosselin, ce penchant pour la poésie ne tient pas du hasard. Il estime que les "origines plus campagnardes" de Maest et de lui-même (ils viennent de Rivière-du-Loup) influencent leur vision du monde. D’avoir été élevés en bordure du fleuve, dans un milieu où la nature et ses beautés sont omniprésentes, les amène inévitablement à porter un regard plus lyrique sur ce qui les entoure, à aborder la vie avec une douce lenteur. Ces racines ne sont d’ailleurs peut-être pas étrangères à leur besoin de travailler constamment en gang. Car Sagacité multiplie les collaborations. Par exemple, sur AbuziveMuzik, son plus récent album, la formation compte sur la participation d’artistes comme Boogat, Pépé et sa guitare, Nazbrok et D’Jackal. "En général, dans le rap, comparativement à d’autres styles de musique, il y a beaucoup de collaborations. Il y a souvent des chanteurs et des producteurs qui se réunissent. C’est ce qui fait la beauté de la musique. Chacun s’apporte… De cette manière, tu avances aussi. Il y a beaucoup de partage, mais il y a beaucoup de rivalité en même temps", admet Frankofun. Étrange paradoxe…
Au fait, comment va la scène hip-hop au Québec? "C’est sûr que la scène québécoise est en constante évolution. Nous, on a réussi à entrer sur les ondes d’Énergie et des radios commerciales, ce qui ne s’était pas fait depuis Dubmatique. D’un autre côté, c’est sûr que c’est une musique un petit peu plus émergente, underground. Ce n’est pas le chemin le plus facile à emprunter dans la vie si tu veux réussir", croit-il. "Le hip-hop québécois est en bonne santé, je te dirais. On a du retard sur les États-Unis, on a du retard sur la France, mais on est là quand même et il y a de très bons produits qui viennent du Québec, de la ville de Québec", dit-il en pensant à Accrophone, CEA, et Classick.
Le 25 mai à 19h30
(Avec Webster, Poids lourd et Classick)
Au Maquisart
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