Colleen : Cordes sensibles
La Parisienne Colleen se déplacera avec sa viole de gambe pour le festival de musique électronique Mutek.
Après deux albums d’électro ambiante ouatée aux boucles répétitives (Everyone Alive Wants Answers, The Golden Morning Breaks), Cécile Shott, alias Colleen, troque son échantillonneur contre la viole de gambe, un instrument à sept cordes du 17e siècle dont on joue à l’aide d’un archet et généralement associé à la période baroque. "J’ai appris à jouer du violoncelle et en 2005, j’ai pris conscience que je venais d’accomplir quelque chose d’impensable. C’est à ce moment que j’ai décidé de me lancer tête première dans l’aventure de la viole de gambe. Lorsque je l’ai entendue vibrer, j’ai immédiatement su que c’était l’instrument dont j’avais toujours voulu jouer", laisse tomber la dame de 31 ans, la voix pleine d’émotion.
Depuis ses débuts sur disque en 2003, Colleen n’a cessé de repousser ses limites et de développer un univers singulier où la prudence n’est pas de mise. Les Ondes silencieuses, son troisième opus, ne fait pas exception à la règle. "C’est triste de toujours entendre les mêmes sons en musique populaire. Des milliers d’instruments existent, mais les Occidentaux ne s’arrêtent qu’au piano et à la guitare. Un artiste doit constamment se surpasser et je commençais à être un peu lassée de mon esthétique. En m’éloignant des motifs synthétiques, j’ai pu me concentrer sur le son riche et profond de la viole. De plus, j’ai découvert de toutes nouvelles façons de composer", avance-t-elle.
Délicat, méditatif et contemplatif, ce nouveau-né démontre les talents de multi-instrumentiste de Colleen qui, en plus de frotter les cordes de sa viole, joue de la guitare classique, de la clarinette, de l’épinette (un mini-clavecin) et même des verres de cristal. Un résultat déstabilisant qui prend ses racines dans une approche résolument plus acoustique. "J’ai un amour très profond et physique pour les instruments acoustiques. Mon but a toujours été de produire de la musique extrêmement personnelle. J’aime lorsque les gens écoutent mes disques et découvrent quelque chose d’inédit. Utiliser d’autres instruments m’amène à produire des musiques différentes et c’est cela qui est véritablement excitant. Avec ce projet, je désirais créer de la musique presque subliminale", soutient la polyvalente musicienne qui passera en coup de vent dans la Métropole pour présenter ses nouveaux morceaux à la fois minimaux et chaleureux. Fidèle à ses habitudes, elle nous promet une performance intimiste ne contenant aucun son préenregistré. Pas question non plus de trimbaler un laptop. Le seul élément technologique dont elle disposera, ce seront de simples pédales servant à l’échantillonnage. "Lorsque j’ai commencé à jouer devant un public, je ne voulais pas faire semblant de m’amuser derrière un laptop. De toute manière, mon travail était trop précis pour être reproduit à l’aide de machines. Prendre des risques faisait partie de mon plan initial et ça ne changera pas de sitôt."
Le 31 mai
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