Joss Stone : Question de feeling
Joss Stone chante encore le soul pieds nus parce que "c’est le seul moyen de ne pas trébucher sur scène"! Gros plan sur une femme qui n’est pas celle que vous croyez.
Ici, c’est clair: on ne lésine pas sur les moyens. Deux guitares, deux claviers, des cuivres, trois choristes noirs en plus d’un bassiste funky et d’un batteur qui pèse trois tonnes. Si Joss Stone remonte sur scène, c’est pour bien défendre son troisième album encore tout chaud, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’elle renie ses succès antérieurs.
C’est le titre du nouvel opus Introducing Joss Stone qui a alimenté les rumeurs comme quoi la jeune Britannique voulait déclarer son indépendance, prendre le plein contrôle de sa carrière et proclamer haut et fort: "Mon histoire commence ici." L’intéressée met les points sur les i: "Je n’ai jamais dit ça! Seulement, je reste très critique par rapport à mon travail. Au début, j’avais 15 ans, et, sincèrement, je n’aimais pas ma voix."
On voit son dos nu sur la pochette du nouveau compact avec des flammèches tatouées sur la peau. Sa crinière blonde devenue écarlate et sur ses longues jambes, écrit en grandes lettres: "I love change". "L’idée n’était pas nécessairement de faire quelque chose de sensuel ou de provocant. Je ne voulais juste pas faire appel au stylisme, aux textures, au tissu. La nudité peut être très pure. C’est beaucoup plus profond. Quant au thème du changement, c’est la seule constante incontournable: tout change chaque jour. La musique aussi… Je déteste l’idée d’enfermer ma musique dans un catalogue avec une étiquette, poursuit la belle. La principale raison pour laquelle une grande partie de la production se détériore aujourd’hui, c’est justement parce qu’on essaie de faire "fitter" chaque pièce dans un moule, dans un format préétabli." Tant pis pour le marketing, Joss ne veut pas trop savoir si son style est du néo-soul ou du deep soul. Elle préfère appeler ça de la "feel music". Et les plages mises en scène par son copain Rafael Saadiq, avec quelques invités comme Common ou Lauryn Hill, en témoignent largement. On se laisse porter par les vagues plutôt que de chercher le knock-out.
Quant aux rumeurs étalées à son sujet par un producteur visiblement frustré qui l’accuse d’offrir des faveurs sexuelles pour rallier des collaborateurs pleins de talent, Miss Stone s’en balance royalement. Ce qui l’offusque encore, par contre, c’est quand les gens lui répètent qu’ils n’en croyaient pas leurs oreilles en constatant la vraisemblance de ses premières chansons. Comme si une ado ne pouvait tout simplement pas être crédible en chantant l’amour de manière aussi physique. "Les gens ne réalisent pas que la première peine d’amour, la première gifle que tu reçois, ce sont les émotions les plus profondes que tu auras jamais ressenties de toute ta vie! Le reste, après, ce n’est rien…"
ÉMANCIPATION
Le problème avec les enfants prodiges, c’est qu’il faut bien qu’ils grandissent! L’arrivée en 2003 de la blonde Britannique avec The Soul Sessions ressemblait à un choc tellurique. Une formidable charge émotionnelle, une puissance vocale étonnante, trop de maturité pour une adolescente: on pensait à Aretha et Janis, rien de moins! Depuis, Joss Stone s’est impliquée dans l’écriture des chansons de Mind Body & Soul et s’est libérée de la petite étiquette S-Curve pour réaliser un troisième album chez la multinationale Virgin / EMI, mettant le cap sur des sonorités plus subtiles et beaucoup plus modernes. Aujourd’hui majeure et vaccinée, elle effectue sa troisième visite au Québec où les fans ont déjà acheté cinq mille copies du nouveau disque en deux mois. (R.B.)
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