William Parker : Musiques en vie au Suoni
Le contrebassiste William Parker joue deux soirs au festival Suoni Per Il Popolo. Incontournable.
Si William Parker a pu jouer avec les plus grands du jazz d’avant-garde (Peter Brötzmann, Cecil Taylor, Zorn, etc.), c’est qu’il a sans conteste sa place parmi eux, comme interprète et comme compositeur. Et si la stature de l’artiste est imposante, celle de l’homme l’est tout autant, et l’on ne s’étonne pas en le voyant que certaines de ses oeuvres soient d’une puissance proche de la violence. Pourtant, au bout du fil, en direct de son home à New York, l’homme est d’un calme parfaitement zen.
Sa première visite à Montréal remonte au FIJM de 1985, avec le Cecil Taylor Unit; on l’a aussi déjà vu à plusieurs occasions au Suoni et au FIMAV (la dernière fois en 2005 avec son Little Huey Creative Music Orchestra). Mais qu’est-ce donc que cette musique créative? "C’est sans rapport avec un style en particulier, explique-t-il. C’est une musique qui se procrée elle-même en cours de performance, pour devenir une entité plus grande que sa source. J’ai choisi ce terme pour définir ma musique parce que ça couvre à peu près tout!"
Parker est actuellement occupé, entre autres projets, à revamper son Little Huey et l’on devrait en avoir des nouvelles en fin d’année. D’ici là, le Suoni nous le ramène pour deux performances. "Ce que j’aime beaucoup de ce festival, c’est qu’il est musician (et music) friendly; ce n’est pas un gros truc corporatif, bien que tout y soit fait très professionnellement, la musique y passe vraiment avant tout." On l’y verra d’abord le 5 à la Sala Rossa comme membre du Rob Brown Quartet, alors qu’il appuiera le saxophoniste avec le batteur Gerald Cleaver et le claviériste Craig Taborn. "La seule différence entre être un membre du groupe et être le leader du groupe, c’est que dans ce dernier cas, je n’ai pas à craindre de me faire virer!" C’est déjà arrivé? Long silence… "Une fois, par un gars qui faisait dans le genre country… Mais Rob est un excellent leader qui ne nous demande que d’être nous-mêmes, et c’est ce qui me semble le mieux." Les musiciens ont enregistré un disque il y a quelques mois et ils donneront des concerts à Detroit et Chicago avant d’arriver chez nous. Le 6, il sera au même endroit en duo avec le percussionniste Hamid Drake, avec qui il collabore régulièrement depuis 1993: "Je suis arrivé hier d’une tournée à travers l’Europe avec lui. Nous avons d’excellents rapports et j’adore jouer avec lui." Deux disques du duo sont parus récemment chez AUM Fidelity. Tout est en place pour deux concerts à ne pas manquer.
Le 5 juin avec le Rob Brown Quartet et le 6 juin avec Hamid Drake
À la Sala Rossa
Voir calendrier Jazz / Actuelle
AUSSI AU SUONI
Couvrant bruitisme, punk, musique actuelle, jazz et folk d’avant-garde, la programmation proposée à la Sala Rossa et à la Casa del Popolo est riche et compte de nombreux invités de marque ainsi que des découvertes potentielles. Le guitariste Marc Ribot y sera dans une visite en solo le 4; Hamid Drake y présente son projet Bindu, au sein duquel il est entouré de quatre saxophonistes, le 7, puis il accompagnera Akron/Family le 8. Parmi les concerts à surveiller particulièrement d’ici la fin du mois, on compte: le trio néo-prog bostonnais Cul de sac, qui fera en direct une nouvelle bande sonore au Faust de Murneau, le 10; le poète sonore français Henri Chopin, aussi le 10; les automates de Maxime de la Rochefoucauld, le 17; les Hollandais de l’Instant Composer Pool (ICP) Orchestra, le 25. Ça commence le 1er juin avec le rock pesant de Fucking Champs. Jusqu’au 27 juin. www.suoniperilpopolo.org. (R.B.)