Yegor Dyachkov : Un Russe à Paris
Musique

Yegor Dyachkov : Un Russe à Paris

Le violoncelliste Yegor Dyachkov est de passage au Palais Montcalm dans le cadre de l’Événement Pleyel. Un exercice d’interprétation unique en compagnie du pianiste Jean Saulnier.

L’Événement Pleyel est une occasion unique pour le violoncelliste Yegor Dyachkov de contribuer au travail du pianiste Jean Saulnier. Depuis maintenant huit ans, les deux musiciens collaborent et enregistrent ensemble. "C’est quelque chose d’assez rare de rencontrer un musicien et de pouvoir cultiver une relation aussi longtemps, admet le violoncelliste. Surtout deux musiciens qui évoluent chacun de leur côté, mais de manière compatible." Leur première aventure musicale tournait autour de Chostakovitch et Prokofiev, deux compositeurs de prédilection pour le violoncelliste d’origine russe. Cette fois-ci, les voilà réunis autour d’un piano confectionné par le facteur et compositeur français Ignace Pleyel. Un piano fourni par le collectionneur, et accordeur du Palais Montcalm, Marcel Lapointe. "Ça va dicter une autre approche et un jeu différent, révèle le musicien. Surtout pour les tempos et les phrasés. Je me rappelle ce que Jean m’avait dit après un récital à Québec. Il constatait à quel point cet instrument imposait une autre approche, en particulier pour les oeuvres de Chopin. L’équilibre sera intéressant. Peut-être que les rôles seront inversés? Ce sont des pianos beaucoup plus transparents et le violoncelle, lui, était quand même déjà assez puissant dans l’émission du son à cette époque."

Pour souligner le 200e anniversaire des pianos Pleyel, le Palais Montcalm fait place à une série de concerts qui mettra en valeur les circonstances entourant la création des oeuvres au XIXe siècle. Une atmosphère intimiste, typique des salons parisiens, qui sera reconstituée dans la salle Raoul-Jobin. Le violoncelliste y interprétera la Sonate pour violoncelle et piano de Chopin. "Ce n’est pas une oeuvre que j’ai jouée énormément, constate-t-il. Ça se produit très souvent dans le métier, on programme une oeuvre parce qu’elle nous est proposée par un producteur ou un autre musicien. J’ai souvent hésité à la programmer moi-même. À maintes reprises, j’ai entendu des interprétations quelque peu ronflantes. Je pense que c’est une oeuvre que l’on peut facilement détruire si elle n’est pas interprétée de manière juste. Par exemple, si on y rajoute trop d’expression vaine. Il faut, comme dans toute musique d’ailleurs, que le sentiment soit de qualité."

Le répertoire russe est toujours au coeur des activités du musicien. Après la parution de l’album Scènes de Russie (Analekta), qui regroupe des oeuvres de Stravinski et Prokofiev, il s’apprête à monter un récital qui fera référence au violoncelliste Mstislav Rostropovitch, disparu il y a un mois. "C’est venu tout à fait par hasard, explique-t-il. À l’annonce de sa mort, je travaillais sur la sonate de Britten. Il s’avère que plusieurs oeuvres de Britten ont été écrites pour lui. Rostropovitch a joué un grand rôle dans ma décision de venir à Montréal. J’hésitais beaucoup, étant jeune, entre Londres, la Suisse ou encore Rome. C’est à Rome qu’il était venu m’entendre à trois reprises et qu’il m’avait suggéré d’aller à Montréal rejoindre Yuli Turovsky (violoncelliste et chef d’orchestre de l’ensemble I Musici). On ne peut pas ignorer cette personnalité, autant l’homme que le musicien. Vu les circonstances, ce prochain récital sera un hommage."

Le 15 juin à 20h
Au Palais Montcalm
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