Les Fleurs du mal : Bon anniversaire, Beaudelaire!
Les Fleurs du mal de Baudelaire ont 150 ans et sont transplantées, l’espace d’un soir, au Centre d’Arts Orford.
C’est en effet en 1857 que fut publié à Paris ce recueil du poète Charles Baudelaire, qui se mérite une place d’honneur dans toute anthologie de la littérature française. Si on lui reconnaît aujourd’hui le mérite d’avoir en quelque sorte permis le passage du romantisme à une certaine modernité, il n’en fut pas toujours ainsi. Deux mois après sa publication, l’ouvrage fut traîné au banc des accusés pour "immoralité" et mettra longtemps à se défaire de cette réputation sulfureuse. Mais le temps arrange tout, dit-on, et voilà que des morceaux choisis de cette oeuvre seront présentés en ouverture de cette nouvelle saison du Festival Orford, généralement consacré à la musique classique.
Il y a bien ce 150e anniversaire de publication, mais on souligne aussi par le fait même le 50e de la création du cycle du même nom par Léo Ferré. Et puis il y a aussi le 40e anniversaire du passage à Orford de Lorraine Pintal en 1967, passage qui devait confirmer la vocation théâtrale de cette dernière – devenue depuis directrice générale et artistique du Théâtre du Nouveau Monde de Montréal – au contact de Raymond Cloutier, lui aussi alors de passage au pied de l’Orford.
C’est une Lorraine Pintal très volubile que l’on rejoint en plein processus de création et de répétition, à deux semaines de ce qui s’annonce pour l’instant comme un spectacle unique. "C’est bien évident que nous aimerions que ce spectacle soit repris ailleurs et soit vu par le plus grand nombre, mais pour l’instant il n’y a rien de confirmé. C’est un spectacle qui est né de l’urgence de le faire", déclare celle qui signe la mise en scène du spectacle dans lequel se côtoieront les poèmes de Baudelaire et les musiques des compositeurs qui s’en sont inspirés. Parmi eux, notons Gabriel Fauré, Ernest Chausson, Léo Ferré et Debussy.
Le projet origine du baryton Marc Boucher. Celui-ci, accompagné du pianiste Olivier Godin, a su convaincre l’ex-directrice générale et artistique du Festival, Sophie Galaise, de faire avancer ce projet qui tisse des liens étroits entre littérature et musique.
"Il ne s’agira pas que d’une simple succession de poèmes", annonce Lorraine Pintal. Le comédien Jean Marchand incarnera Baudelaire à différents moments de sa vie, tout en interagissant avec le chanteur et le pianiste, le tout sur des textes de l’auteur français Alain Germain.
Lorsqu’on demande à Lorraine Pintal si les Fleurs Du mal sont encore actuelles aujourd’hui, elle répond sans tarder par un "oui!" tonitruant. "Je crois que c’est une poésie qui peut encore parler aux jeunes parce qu’elle est très identitaire, très forte, épicurienne aussi, poursuit-elle. Cela fait d’ailleurs partie de mon éveil d’adolescence, et je crois que cela peut s’adresser à tous ces jeunes en perte de repères identitaires."
Le vendredi 22 juin à 20h
À la salle Gilles-Lefebvre du Centre d’Arts Orford