Miracle Fortress : Le passé composé
Musique

Miracle Fortress : Le passé composé

Pour Graham Van Pelt, c’est l’heure de transposer son univers musical atypique dans un contexte interactif. Après la sortie de Five Roses, Miracle Fortress devient un groupe et prend d’assaut la scène. Retour sur ce disque intemporel.

L’exercice est surprenant et nous oblige par la même occasion à comparer les pièces qui composent cet album à certaines oeuvres maîtresses qui ont forgé la pop anglo-saxonne des années 60. Ce n’est pas un constat réducteur. Graham Van Pelt, qui est au coeur de ce projet solo, a assimilé sans détour une esthétique qu’il s’est appliqué, avec pointillisme et dans un temps record, à enregistrer dans son studio de Griffintown à Montréal: le Friendship Cove. "Dans l’ensemble, tout s’est fait très spontanément, indique-t-il avec un peu de recul. La plupart de ces chansons sont venues et se sont intégrées les unes aux autres naturellement. Il ne m’a suffi que de trois mois pour compléter le processus. J’enregistrais constamment en studio tout en complétant les compositions. C’est dans ce contexte que je suis le plus à mon aise. Je fais de la recherche de sons, je réécoute les essais et je constate au fur et à mesure ce qui se démarque."

Une perception modeste de la part du perfectionniste qui fait la gestion des sons avec une attitude méthodique. À titre d’exemple, nous n’avons qu’à prendre les sons flûtés inclus sur la pièce Have You Seen In Your Dreams ou encore ceux qui font penser à un synthétiseur Arp sur Blasphemy. "Je n’ai aucune difficulté à me considérer comme un ingénieur, souligne-t-il. Je l’assume sans détour. Sur cet album, j’ai travaillé avec un vieux modèle Casio. Tous les sons ont été fabriqués à partir de cet instrument. J’aime trouver le son précis que je veux en manipulant ou en transformant celui-ci et être ouvert aux imprévus. Il n’y a pas vraiment de limite dans cette opération."

Ce travail solitaire tranche avec Think About Life, le groupe que le multi-instrumentiste ontarien a fondé lors de son arrivée à Montréal. Avec Miracle Fortress, nous sommes devant une introspection résolument pop qui s’amuse et s’exprime à l’intérieur d’une sphère psychédélique. Nous pensons aussi à Brian Eno et John Cale avec Wrong Way Up. "Je n’avais pas une idée précise au départ, résume-t-il. Je ne voulais pas recréer le son typique des Beach Boys ou des Beatles. Par contre, j’ai toujours été un admirateur de la pop des années 60 et 70 et j’en consomme beaucoup. Je voulais être fidèle aux méthodes qui se cultivaient en studio à l’époque. Je me suis beaucoup renseigné sur leurs techniques d’enregistrement tout en restant attentif à certains éléments plus modernes que je pouvais intégrer."

La trame musicale traverse ce disque de manière indéfectible et les voix, doublées, émettent des sons à défaut d’endosser une interprétation en lien direct avec le discours. "C’est vrai, concède-t-il. Je ne voulais pas écrire de manière trop réfléchie et trop cérébrale. Il fallait quelque chose de très spontané, des textes qui ne prennent pas trop d’importance sur la musique. C’était l’idéal pour s’attarder sur les petites choses de la vie, une perception naturelle de certaines facettes, quelque chose d’intuitif et de rafraîchissant qui libère en même temps. J’ai fait beaucoup de tests pour la voix. Je voulais une sonorité linéaire qui traverserait l’ensemble des pièces sur le disque. Une voix qui se reflète sans nécessairement prendre le dessus sur l’ensemble."

Le 20 juin à 21h
Au Dagobert
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