Zal Idrissa Sissokho : Mémoires d’Afrique
Zal Idrissa Sissokho transmet la mémoire du peuple mandingue via le son cristallin de sa kora. Mais voilà, les cordes s’embrouillent parfois. Entretien avec un artiste politisé.
Au moment de l’entrevue, le Sommet du G8 fait les manchettes. L’artiste sénégalais qui vit au Québec depuis 1999 est hautement préoccupé par ce qui s’y passe. Particulièrement de la place accordée à l’Afrique. Mais Zal Idrissa Sissokho ne s’y trompe pas. L’avenir du continent noir est à un autre niveau. "Le problème est que le développement durable de l’Afrique ne fait pas l’affaire des Occidentaux", affirme-t-il. L’argent, qui se rend rarement à destination, et le maintien d’un état de dépendance ne règleront rien, croit-il.
Selon lui, un changement d’attitudes s’impose. "Pour pouvoir s’en sortir, il faut travailler à la base, se prendre en mains, être confiant et avoir les moyens de développer nos ressources afin d’être indépendants", explique-t-il. Avec le fer, le sucre et l’arachide, il y a de quoi faire au Sénégal, au profit des habitants et non des multinationales.
Mais voilà, l’information est parfois biaisée entre l’Afrique et le monde occidental, relève-t-il. Tout n’est pas nécessairement rose en Occident, et tout n’est pas que misérable en Afrique. Récemment, l’artiste participait à un tournage à Dakar, au Sénégal. Certaines personnes qui l’accompagnaient sont restées ébahies de voir qu’il y avait des enfants, habillés, au ventre plat et aussi des riches.
Porteur de vérité et de mémoire, voilà bien ce qui définit Zal Idrissa Sissokho. Comment faire autrement quand on est le descendant des trois grandes familles de griots mandingues, ces porteurs de la tradition orale, ces bibliothèques africaines, comme il le dit lui-même?
Sur sa kora, une harpe africaine à 21 cordes au son cristallin, et sa Thioug, un gros tambour basse, il transmet l’âme et la mémoire de l’Afrique de l’Ouest. En langue mandingue et wolof, il transporte le spectateur dans un autre univers. Tout en préservant l’identité des mélodies plusieurs fois centenaires, il en modernise les sons et fait le pont entre les traditions et la modernité.
Pour battre les rythmes de l’Afrique de l’Ouest, ce 16 juin au Moulin Michel, l’artiste sera accompagné des guitariste, percussionniste, bassiste et batteur du groupe Buntalo, dont il fait partie.
Le 16 juin à 20h
Au Moulin Michel
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