Angélique Kidjo : Ding! Dong!
Musique

Angélique Kidjo : Ding! Dong!

Angélique Kidjo pourra brandir le trophée Antonio Carlos Jobim qui la consacre, ici, comme un voix majeure dans le concert des musiques du monde.

C’est bien la faute à Kidjo si je me suis retrouvé sur la scène du Spectrum, il y a 12 ans, à danser avec un éminent collègue par une soirée littéralement torride! Mais que voulez-vous? Elle est comme ça. Une fille énergique qui ne tolère ni l’apathie ni l’indifférence. Et qui défend sa musique et ses mots comme pas une…

Chaque fois qu’elle nous visite, la chanteuse béninoise amène un projet et un groupe différents. Déjà Logozo, Fifa et Oremi étaient des albums quasi thématiques avec, chacun, son esthétique propre, puis Black Ivory Soul célébrait la rencontre entre Ouidah et Bahia et la douloureuse réminiscence de la traite des Noirs; enfin, Oyaya!, tout chaloupé, mettait l’accent sur les rythmes afro-cubains. Bref, une production boulimique, avec des périodes diverses, à l’image d’une artiste engagée et toujours en mouvement. Elle a chanté Hendrix et Gershwin en langue fon; aujourd’hui, c’est Maurice Ravel. Le Boléro devient Lonlon, un hymne à l’amour monumental, en langue mina, qui clôt ce nouveau disque intitulé Djinn Djinn! Titre qu’un journaliste américain se hasarde à traduire par "saisir le jour" dans un dialecte imaginaire. "Pas du tout!", rétorque Angélique avec sa répartie habituelle. "Djinn Djinn, c’est la cloche de l’église qui sonne et qui commence la journée. Un signal, comme un wake up call adressé aux Africains et aux Africaines pour qu’ils se sortent de leurs querelles ou de leur léthargie. Il y a tellement à construire. Prenons nos responsabilités! Le temps perdu ne peut se rattraper…"

Angélique parle toujours avec cette même détermination. Elle a la drive et le leadership et, pour emballer le tout, un ricanement fracassant. Déboutée récemment par la multinationale Sony-BMG, Angélique se rabat aussitôt sur l’étiquette indépendante Razor & Tie et complète son disque le plus luxueux par sa simple brochette d’invités: Alicia Keys, Brandford Marsalis, Peter Gabriel, Stephen Marley, Amadou & Mariam, Joss Stone et Carlos Santana… "Mon but était surtout de mettre en studio les percussions traditionnelles du Bénin, ce qui n’avait jamais été fait correctement avant. Il a fallu l’émergence du Gangwe Brass Band. Le tout à été fait à New York, et beaucoup mieux qu’à l’époque de Fifa, lorsque j’avais été là-bas pour enregistrer avec des musiciens qui n’avaient jamais travaillé en studio".

Au FIJM, Kidjo nous arrive avec une formation compacte sans fioriture, sans synthés inutiles, mais avec deux guitares et deux percussionnistes à l’avant-plan. De quoi faire un impact immédiat avec son afro-funk mâtiné de rock. Dix-sept ans après le choc frontal de Parakou, la plus internationale des artistes africaines aurait-elle fait le tour? "Je ne boucle jamais la boucle!" jette-t-elle en promettant d’en donner et d’en faire encore plus.

Le 28 juin à 18 h
Au Spectrum
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