Bebel Gilberto : Au tour de Bebel
Attrapée de justesse, Bebel Gilberto livre quelques confidences de diva, dans le tourbillon de la tournée et de la promotion. Et à en croire la suave chanteuse, ce n’est pas toujours du gâteau!
"Quand je suis en tournée, je n’écoute rien, je suis absolument perdue, je ne sais pas ce que je fais et ce qui se passe. La tournée, c’est difficile", annonce-t-elle en guise de préambule à une entrevue plutôt confuse. Soignant une double fracture à la cheville depuis quelques semaines, la belle n’a pas ralenti la cadence pour autant: "Je prévois tourner tant que je peux. Bien sûr, il faut quitter la maison et laisser sa vie de côté, mais c’est fantastique de jouer pour tous les publics, de rencontrer tant de gens, même si je dois rester assise sur scène la majorité du temps."
Bebel Gilberto est la fille de deux monstres sacrés de la musique brésilienne. Son père, João Gilberto, est l’un des géniteurs de la bossa nova. Sa mère, Miúcha, en est l’une des voix les plus connues. Isabel grandit donc au coeur de cette bohème devenue royauté durant les années 1950 et 1960.
En 2000, elle lance Tanto Tempo, son premier album. La diva s’était d’ailleurs arrêtée au Mercury Lounge d’Ottawa pour deux concerts: "C’était une tournée difficile, ma première. Nous faisions neuf concerts d’affilée, c’était fou. Je ne m’en souviens plus très bien." Elle s’établit à cette époque comme une incontournable en matière de bossa nova et de musique lounge et sort un deuxième album, éponyme, en 2004.
La vedette brésilienne travaille avec une panoplie d’artistes et de producteurs renommés et fait plusieurs fois le tour du monde. Elle vit entre Rio de Janeiro, Londres et New York, où elle est née. Bebel rajeunit le son de la bossa, mais son appartenance aux milieux branchés et nantis dérange les orthodoxes. Elle demeure, contrairement à Norah Jones (fille de Ravi Shankar), à qui on la compare souvent, "la fille de".
Les relations familiales sont complexes et la communication est intermittente entre les Gilberto. Bebel ignore d’ailleurs si ses parents ont écouté son nouvel album, Momento: "Ils ne me parlent pas vraiment de mon disque, c’est drôle. Je ne crois pas qu’ils l’aient écouté, ce n’est pas qu’ils ne l’aiment pas, je suis certaine qu’ils l’aimeront."
Comme son père, Bebel a un sacré caractère. Elle exige un contrôle exclusif pour son plus récent opus: "Pour Momento, j’ai choisi de prendre la responsabilité totale du disque et d’avoir le dernier mot sur tout. Mon réalisateur [Guy Sigsworth] a donc dû me laisser une énorme place, le pauvre!" Le résultat n’a pas convaincu la critique, mais demeure un véritable bonbon au son estival qui rafraîchit nos ondes avec des harmonies savoureuses du pays de Lula et Ronaldo: "La musique brésilienne reçoit plus d’attention que jamais, c’est super que tant de gens s’y intéressent aujourd’hui." En témoignent le succès de Seu Jorge, des New-Yorkais de Brazilian Girls et la panoplie d’artistes qui célèbrent le mouvement Tropicália.
C’est au tour de Bebel de faire vivre l’héritage sacré de ses parents. Persistant à chanter une bossa nova intégrant des éléments pop et électroniques, elle se consacre aussi à la faire aimer partout, à commencer par le Brésil. Une tâche d’une ampleur terrifiante, surtout lorsque l’on s’appelle Gilberto.
Le 28 juin à 20h30
Au parc de la Confédération – Festival jazz d’Ottawa
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